BALLADE A QUATRE |
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Séjour du 03/04/08 au 11/04/08
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Population : | 7 250 000 habitants (est. 2006) | Densité : | 64.37 hab./km² |
Superficie : | 112 622 km² | Capitale : | Porto Novo |
Principales villes : | Cotonou, Parakou, Abomey, Natitingou | Pays voisins : | Togo, Burkina Faso, Niger, Nigeria |
Point culminant : | Mont Tanekas 641 m. | Monnaie : | Franc CFA |
Langue(s) parlée(s) : | Fon-gbe, Yoruba, Bariba, Gun-gbe, Aja-gbe, Ayizo-gbe | Langue(s) officielle(s) : | Français |
Fête nationale : | 1er août | Statut : | République |
Pour visualiser notre parcours avec précision, cliquez sur le lien ci-dessous:
(fichier KMZ Google Earth)
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Nous atteignons la frontière Togo-Bénin vers 10 heures, le 3 avril. La fin de la piste, un peu difficile, ne nous a plus causé de soucis. Les postes frontières du Togo et du Bénin sont distants d’une centaine de mètres. Pendant que je m’occupe des formalités togolaises, les filles débutent leurs cours. Pas de soucis à la douane, où le carnet de passage est signé immédiatement. Au poste de police par contre, les agents sont plus austères. Je leur donne nos 4 passeports et la carte d’identité d’Ami. Et que constate-t-on : c’est aujourd’hui l’anniversaire d’Ami. En fait, une erreur s’est glissée quand on a rédigé sa carte d’identité et on a noté une date de naissance erronée. En fait, elle est née un jour plus tard (donc son anniv, c’est demain, normalement). L’agent qui est chargé de viser nos passeports me dit qu’il se base sur le document officiel en sa possession et donc… qu’il faut lui souhaiter bon anniversaire aujourd’hui ! Je la fais venir au poste avec Jo, Lo et Lu que je mets discrètement au courant de l’histoire. Dès son arrivée, les policiers rassemblés lui posent une ou deux questions, puis entonnent, avec nous, un « Joyeux Anniversaire, Ami ». Grosse rigolade générale.
Mais nous n’allons pas en rester là. Il faut boire un verre pour fêter ça ! Un policier nous emmène, Lu et moi, avec son pick-up de fonction jusqu’à un bar proche ; nous achetons quelques bières fraîches et autres « sucrés », et revenons au poste où tout le monde nous attend un grand sourire aux lèvres. Apéro vers 11 heures…
Nous achetons ensuite du riz pimenté (à mort) et du poulet (coriace) préparés par une villageoise, et dînons au poste avec les sympathiques policiers plus du tout austères…
Pendant la poursuite de l’enseignement des filles, je repars avec mon pote et son pick-up pour acheter 4 cales de bois de teck. Nos cales de sapin, déjà plus toutes jeunes au départ, sont à moitié cassées, même si elles ont très peu servis.
3 heures plus tard… nous franchissons la frontière togolaise. Nous arrêtons le véhicule 100 mètres plus loin et c’est reparti pour 1 heure de formalités. L’enseignement des filles est terminé quand je réintègre le camping cam. Nous ajoutons 1 heure à nos horloges et prenons la direction de la côte du golfe de Guinée. Nous atteignons Grand Popo vers 19 heures. Nous faisons halte à côté de l’auberge, sur la plage, à l’abris des pins et des cocotiers.
Pour fêter un peu plus dignement les 27 ans d’Ami, nous soupons à l’auberge. Pas de grosse guindaille cependant, nous sommes tous crevés. Et puis notre Ami qui ne fume pas, qui ne boit pas et qui ne sort pas, n’est pas très instigatrice. Nous irons donc tous dormir…
Le lendemain, au réveil, nous admirons l’environnement de notre bivouac : magnifique. Un peu comme sur les photos des brochures de tour-opérateurs « Destinations de Rêve ». Mais qu’est-ce qu’il fait chaud. Mais chaud… En fait, il y a 10° de moins qu’au Burkina, mais le taux d’humidité est maximal, et dès qu’on ouvre la paupière, on transpire à mort…
L’eau de la mer est délicieuse. Nous n’avions jamais connu une eau de mer aussi chaude. Cependant, il est très dangereux de se baigner ici à cause de « la barre ». Les vagues sont fortes et dès qu’on est dans l’eau, on est inexorablement attiré vers le large. Peut-être la marée descendante y est-elle pour quelque chose, mais la pente très forte de la plage explique certainement le phénomène. Interdiction pour les filles de se baigner, ce qu’elles ont parfaitement compris (après avoir été surprises au Maroc, souvenez-vous…)
Nous passons 4 jours à Grand Popo. Plage, piscine, repos, lessive (à la main, ce qui prend toujours un certain temps…) et un peu de mécanique occuperont l’essentiel de notre séjour. Seules ombres au tableau : la chaleur lourde et étouffante. Et les moustiques s’en donnent à cœur joie : nous sommes couverts de piqûres. Et ça démange… Grrrrrr
Nous quittons la place le 07/04. Nous pensions longer la côte vers l’ouest, traverser le Togo et rallier le Ghana, mais le climat chaud et humide ainsi que la présence de nuées de moustiques voraces nous ont découragés. Nous préférons remonter vers le nord, laissant là l’océan et les joies de la plage et de la baignade. On veut de la chaleur, mais de la chaleur sèche !
Nous traverserons donc le pays dans le sens sud-nord pour rallier le parc de la Pandjari, tout au nord du Bénin, à côté des parcs du W, plus connus mais bien moins riches. On annonce effectivement la présence d’une faune nombreuse à la Pandjari, avec, entre autres, la présence de lions ! Nous sommes tous excités à la pensée de les rencontrer « pour de vrai ». Ayant décidés de boucler l’Afrique de l’Ouest sans nous rendre pour l’instant en Afrique Centrale, nous restions un peu sur notre faim : nous n’allons pas fréquenter les grands parcs animaliers centre-africains et leurs fameux « big five » avec leurs grands carnivores. Mais les renseignements et les contacts que nous avons avec les voyageurs actuellement en Afrique nous ont convaincus : ça devient vraiment « chaud » de rallier l’Afrique Australe en venant d’Afrique de l’Ouest : guérillas, révoltes, attentats, prises d’otages,… Mais ce n’est que partie remise : dans quelques mois, quand la situation sera un peu plus calme, nous pensons bien boucler le continent comme nous l’envisagions initialement.
Première halte après 200 mètres : nous avions repéré un masque traditionnel assez sympa et nous voulons en faire l‘acquisition. Dans la boutique, nous tombons sur Khofi, un grand bonhomme maigre d’un mètre nonante. Il est vêtu d’un costume rouge, porte une casquette haute et a les deux pieds cassés. Malgré le fait qu’il nous toise fièrement, il a l’air un peu triste. Nous sommes sous le charme. Nous voulons l’emmener avec nous. Mais où va-t-il dormir ? Nous sommes déjà nombreux dans le camping cam, et Khofi n’est pas du genre à se plier en quatre pour nous faire plaisir. Ami acceptera-t-elle la présence de géant efflanqué dans son lit ? Allez, hop, on se débrouillera…
Nous achetons la statue de bois à bon prix et quittons Grand Popo une heure plus tard, vers 16 heures.
Les paysages sont très verdoyant. Nous sommes frappés par la présence de différences sensibles avec les autres pays proches : niveau de vie plus élevé, habitat plus moderne, voirie en excellent état, émancipation des femmes, scolarisation plus systématique des enfants, garçons ET filles,…
Le lendemain soir, alors que nous cherchons le lieu de notre bivouac - ce qui n’est pas facile ici si nous voulons être seuls (la végétation est particulièrement dense dans la brousse et les espaces dégagés sont fréquentés par les indigènes)-, nous empruntons une petite piste qui quitte la voie principale. Après quelques km, nous apercevons un champs de manioc qui pourrait convenir. Nous nous engageons sur le terrain et après quelques dizaines de mètres, j’arrête le véhicule : un grand pchhhhhhhht pendant quelques secondes et le pneu arrière gauche est plat. Une souche a lacéré le pneu sur 10 cm. Première « crevaison » depuis le départ… On est encore plus penché qu’hier, le sol est tout a fait inégal, il y a plein de trucs qui piquent par terre, il fait chaud et bientôt noir… Ca va être gai…
Jo prend les filles en charge, Ami prépare le souper et je commence à sortir les crics et les cales de bois (neuves… Comme quoi…) Le temps d’aplanir le sol sous l’essieu, de placer les cales et les crics et une heure trente s’est écoulée. Il fait nuit noire et les mouchettes, attirées par ma lampe frontale, rentrent par dizaines dans ma bouche, mon nez et mes oreilles. Je déclare forfait pour ce soir et réintègre le véhicule pour une bonne nuit de sommeil « de travers ».
Le réveil a lieu vers 6 heures du mat. Le travail débute vers 6.30 heures. Pour prendre fin à 12.30 heures ! 6 heures de travail pour changer un pneu… C’est sûr, dans un garage au sol plat, à l’abris du soleil par 15-20°, avec du personnel qualifié et du matériel adapté, ça prend moins de temps… Mais bon, ici, c’est tout le contraire. Mais une fois que c’est fini, on est bien heureux ! Le plus pénible, c’est certainement la présence de millions de petites mouchettes agressives, celles-là même qui étaient responsable de mon arrêt de la veille au soir ! C’est pour devenir dingue !!!
Le 10/04, nous quittons Natitingou avec Ernest, le guide qui nous a été conseillé, pour rallier le parc de la Pandjari. 50 km de goudron pour rejoindre Tanguieta, suivis de 50 km de piste « tôle ondulée », particulièrement éprouvants pour la mécanique, pour accéder à l’entrée du parc, dont la superficie avoisine les 275 000 hectares. Ensuite, une trentaine de km pour rallier la première mare que nous atteignons vers 17 heures. Sur la route, nous apercevons furtivement quelques singes (singes verts, patas -singes rouges-, babouins), un phacochère et quelques antilopes.
Nous sommes les seuls à la mare ce soir. Nous garons le véhicule à proximité d’un point de vue aménagé, style mirador. Nous y montons et admirons le ballet des animaux qui viennent s’abreuver : groupes de babouins, antilopes nombreuses, oiseaux,…
Soudain, un grand silence. Et rapidement les « aboiements » des babouins se font entendre, de plus en plus marqués. Les autres animaux présents ont tous la tête levée, les oreilles dressées. Il se passe quelque chose… Après une ou deux minutes, nous apercevons 2 lions qui approchent de la mare, à l’opposé de notre position. Ca y est ! On peut passer 3 jours dans le parc sans les apercevoir, et là, quelques minutes après notre arrivée, ils sont présents. Quelle chance. Nous observons le manège : tous les animaux se sont éloignés de la place et les deux lions –des mâles- viennent tranquillement s’abreuver. Nous pouvons les voir à 100 mètres de nous à peine. Ils scrutent dans notre direction et nous avons nous-même l’impression d’être observé par les deux carnivores…
Après quelques minutes, nous notons l’apparition d’un nuage de poussière sur la gauche. Un groupe d’éléphants approche. Soudain, sur la droite, un troupeau de buffles surgit : une cinquantaine de spécimens vient s’abreuver, restant à distance des lions qui ne bougent pas… Impressionnant.
Les éléphants sont maintenant à proximité de la mare, face à nous, à gauche des lions. Ils commencent leurs ablutions. Assez rapidement, mené par son chef, le groupe se déplace vers la droite, en direction des lions. Ils vont chasser ceux-ci de leur position. Le moins téméraire des deux énormes chats s’éloigne souplement, en douceur. Le deuxième se tapit dans l’herbe, ne quittant pas son poste, essayant manifestement de se dissimuler. Mais les éléphants l’ont repéré et continuent leur marche vers lui. Il se lève alors et doucement, se dirige vers le troupeau de buffles. A leur tour, ceux-ci quittent la place et s’éloignent dans un nuage de poussière. Il n’y a plus d’antilope dans les parages et les crocos s’enfoncent dans la mare devant le lion.
Celui-ci est bientôt rejoint par l’autre mâle qui avait disparu et tous deux contournent la mare par la droite, venant dans notre direction. Les éléphants arrêtent leur progression, et derrière eux, d’autres animaux reviennent s’abreuver. Après quelques dizaines de minutes, les lions se sont approchés à 20 mètres de nous ! Quel spectacle ! A ce moment, nous apercevons dans les hautes herbes, derrières nous, une lionne et ses jeunes. Nous espérons qu’ils vont s’approcher plus encore et venir s’abreuver, mais non. Et les deux mâles se couchent à proximité de nous, jetant de temps à autre un coup d’œil dans notre direction…
Et notre Lola qui fait mine de descendre du mirador pour aller faire pipi !!! Elle est rappelée à l’ordre (en douceur) par le guide.
Après 2 heures de spectacle magique, nous quittons la place. La nuit tombe. Il est normalement interdit de circuler dans le parc après 18 heures. Nous devons encore parcourir 30 km de piste un peu difficile avant d’atteindre le campement. Nous ferons halte 6 km avant, dans la cour de l’hôtel situé au centre du parc. Après discussion, le gérant, contrarié, acceptera que nous dormions dans la cour.
Le réveil a lieu vers 6.30 heures. La nuit fut courte, mais agréable.
Nous quittons la place en direction de la « mare aux hippopotames ». En chemin, nous apercevons au loin un grand groupe d‘éléphants. Nous faisons halte, grimpons sur le toit de notre véhicule et admirons, du haut de notre observatoire, le spectacle pendant ½ heure.
Nous reprenons ensuite la direction de la « mare aux hippos », que nous atteignons assez vite. Les énormes animaux sont bien au rendez-vous. Mais ils sont dans l’eau et nous n’apercevons que leurs dos, leurs yeux et leurs oreilles. Ils ne semblent pas vouloir sortir prochainement… Mais nous ne sommes pas trop déçus : nous avons, encore bien encrées dans nos esprits, les images des hippos de Nangbéto. Nous quittons l’endroit rapidement.
Direction une autre mare, par une piste un peu difficile. En chemin nous croisons un groupe d’éléphants proche de la piste. Il s’éloigne de nous lentement. Quelques centaines de mètres plus loin, cependant, nous croisons un autre groupe de pachydermes. Le mâle dominant nous observe. Avec quelques autres adultes, ils encerclent et protègent les éléphanteaux du groupe.
Débute alors un surprenant jeu de rapport de force entre les éléphants et le camion. Sur le conseil du guide, nous effectuons une courte marche arrière. Les éléphants barrissent, reculent, puis s’arrêtent, frappant le sol de leurs pieds, balançant leurs trompes et remuant leurs oreilles. Nous avançons de quelques mètres et les pachydermes nous chargent. Stop et ils s’arrêtent. Petite marche arrière, ils reculent. Nous jouons ainsi pendant près d’une heure, les énormes animaux étant seulement à quelques mètres de nous ! Quelle expérience fabuleuse…
Nous reprenons ensuite la piste, laissant là nos nouveaux compagnons de jeu, et atteignons la mare après avoir croisé antilopes, cobes, phacochères, singes, buffles, etc… Nous ne verrons pas les guépards, les hyènes ou les lycaons. Leur rencontre est exceptionnelle. Et nous avons déjà eu tellement de chance…
Nous restons une heure de plus à proximité de la mare, avant de prendre le chemin du retour. Nous avons pu admirer une majorité des animaux présents dans le parc et nous décidons de quitter celui-ci avec un jour d’avance.
Sur le trajet de retour à Tanguieta, nous faisons halte dans un petit village à proximité duquel se trouvent des chutes d’eau. Baignade familiale dans un cadre splendide. L’eau est fraîche. On est bien… Maury et Tany en profitent aussi.
Nous rallions Tanguieta où nous nous séparons de notre guide qui prend un taxi brousse pour rentrer à Natitengou. Merci Ernest ! Nous effectuons le plein de carburant. Le prix du mazout est nettement moins élevé au Bénin qu’au Burkina, où nous retournons maintenant. La frontière est située à une cinquantaine de km. Il est cependant trop tard pour reprendre la route ce jour, et nous décidons de dormir sur une petite place, un peu à l’écart du centre de la ville. Nous nous endormons rapidement, la tête pleine d’images fabuleuses…
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