BALLADE A QUATRE |
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Séjour du 27/04/08 au 04/05/08
Récit détaillé
Dimanche 27/04/08
1° jour en Guinée, 215 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Niandakoro ( N11 04.752 W9 17.225 Alt. 399 m )
Km au compteur : 52179 ( 212 km effectués ce jour, 14944 km depuis le départ )
Nous sommes réveillés en tout début de matinée par l’arrivée d’une ribambelle de gosses et quelques adultes : c’est le jour de la récolte des mangues ! Les cueilleurs procèdent de différentes manières : soit ils grimpent dans les arbres pour secouer les branches, soit, du sol, ils jettent de gros bâtons en direction des mangues, soit ils utilisent le longues perches, certaines étant munies d’une faucille à leur extrémité. Les ramasseurs récoltent les fruits dans de grandes bassines qu’ils portent sur leur tête jusqu’aux brouettes. Ensuite, direction le camion. Le tout va très vite. Il faut dire qu’ils sont nombreux…
Après le déjeuner, nous saluons tout le monde et quittons la place. Les paysans, très gentils, nous offrent de nombreuses mangues. Avec toutes celles que nous avions déjà ramassées (qu’ils ne récoltent pas : les fruits déjà mûrs ne les intéressent pas), on va se taper une de ces indigestions… Mais Ami, qui n’en a jamais assez, est aux anges !
Nous atteignons assez rapidement la frontière, par une route au revêtement impeccable. Nous sommes reçus très « officiellement » par les autorités frontalières. Les formalités sont effectuées de manière scrupuleuse mais très correcte. Nous quittons rapidement la place.
La route est en bon état. On nous avait pourtant annoncé le contraire… Nous croisons beaucoup de militaires, mais sommes peu arrêtés. Après une centaine de km, nous quittons le goudron et nous engageons sur une piste qui longe le fleuve Niger. Nous espérons bivouaquer à sa proximité. La piste s’en éloigne cependant et nous sommes contraints de rester à 200 mètres du lit, l’accès étant impossible en raison de la présence d’une petite falaise. Nous ne pourrons pas rejoindre l’immense cours d’eau, mais l’endroit où nous faisons halte est très beau. Seule ombre au tableau : la présence de mout-mouts très (mais très) nombreux !
Nous ne traînerons pas pour aller dormir…
Lundi 28/04/08
2° jour en Guinée, 216 jours depuis le départ
Bivouac à Kouroussa ( N10 39.285 W9 52.900 Alt. 386 m )
Km au compteur : 52360 ( 181 km effectués ce jour, 15125 km depuis le départ )
Bon anniversaire papy !
Les cours sont donnés pendant que je vais repérer les premiers kilomètres de pistes qui nous attendent si nous poursuivons notre route en longeant le fleuve Niger. On nous a annoncé que l’état de celle-ci était très mauvais. Effectivement, les fosses profondes succèdent aux hautes bosses… Nous décidons de faire demi-tour et emprunter le goudron qui enjambe le fleuve, passe par la localité de Kankan, puis rejoint le cours d’eau un peu plus loin.
Nous quittons la place en début d’après-midi. La route est en excellent état pendant quelques km, mais la situation se dégrade ensuite. Après quelques dizaines de km cependant, l’état du revêtement redevient très satisfaisant. Et c’est précisément sur ce goudron nickel que : « BANG ! » Une détonation terrible et le camion vacille. Pneu arrière droit éclaté…
4.30 heures pour le changer : on s’améliore ! Il faut dire qu’ici, le pneu avait déjanté tout seul... Le travail se termine alors qu’il fait nuit noire. Les filles et Jo en ont profité pour faire leurs devoirs et ont bien avancé. Nous rallions Kourroussa où nous décidons de bivouaquer.
Sur place, nous interrogeons un pompiste pour savoir s’il est possible de remplir notre bidon d’eau : pas d’eau courante ici. Un quidam bien sympathique propose de nous emmener nous ravitailler à une fontaine située à l’entrée de la ville. Il monte dans le véhicule. 5 minutes plus tard, nous sommes à l’endroit : un abreuvoir pour le bétail, à l’écart de la cité.
Pendant plus d’une heure, nous pompons (à la main…) l’eau dans un bidon de 10 litres, que nous versons dans un entonnoir de fortune (une bouteille d’ 1.5 litres coupée et raccordée à un bout de tuyau) raccordé à notre réservoir. Assez fatiguant…
Nous reconduisons notre compagnon au centre-ville et garons le camping cam dans une ruelle sablonneuse. De nombreux militaires sont présents à Kourroussa. Nous apprenons qu’un ministre loge cette nuit dans la ville et que les militaires patrouillent toute la nuit. Quelques soldats se dirigent vers notre véhicule. Il est presque minuit.
Jo et Ami rejoignent les filles qui dorment à l’arrière tandis que je descends pour rencontrer les hommes. Ils sont complètement saouls et la discussion est difficile ! Ils me demandent tous les papiers du véhicule, nos passeports, nos extraits de naissance,… La totale, quoi ! Ils me signalent qu’ils doivent immobiliser le camion pour je ne sais quelle raison. Mais avant cela, ils doivent fouiller le véhicule de fond en comble ! J’ai beau expliquer que tout le monde dort, rien n’y fait. Je dois être un espion à la solde des occidentaux !!! (VERIDIQUE !)
Toute tentative de raisonnement logique est vaine. Je suis fatigué et ils m’énervent. Je reste cependant très calme et demande à voir le commandant de la brigade. Il dort. Mais les soldats appellent leur supérieur, responsable de la patrouille nocturne. Il a moins bu que les ploucs (ou il est un brin plus cérébré, je ne sais pas) et leur explique que je ne suis pas un espion mais un touriste ! Je lui propose d’envisager la fouille du véhicule demain, lui promettant de ne pas m’enfuir la nuit. Finalement, pas besoin de fouille. Tous nos papiers sont en règle, cela suffit à le rassurer.
Nous nous séparons gentiment, et je file rejoindre la famille dans le camping cam. Tout le monde dort. Journée éprouvante…
Mardi 29/04/08
3° jour en Guinée, 217 jours depuis le départ
Bivouac à Kouroufimba ( N10 43.838 W11 16.263 Alt. 614 m )
Km au compteur : 52535 ( 182 km effectués ce jour, 15307 km depuis le départ )
Bon anniversaire Mamy.
Le nuit fut courte mais relativement bonne malgré nos déboires nocturnes. Je quitte le camping cam et rencontre rapidement notre compagnon de la veille qui m’emmène en moto pour acheter le pain.
Retour au camping cam, photos de famille avec notre pote et petit déjeuner avant de reprendre la route. Pas de fouille du véhicule ce matin, nous n’avons plus croisé de militaires…
Peu après le départ, nous quittons le goudron, empruntons une petite piste rocailleuse et faisons halte après quelques kilomètres pour l’enseignement des filles. Nous profitons de cet arrêt pour transvaser du carburant du réservoir auxiliaire vers le réservoir principal, manoeuvre toujours assez longue. Nous quittons l’endroit après le dîner.
La route que nous suivons est dans un état lamentable et l’après-midi est assez fatigante. Les paysages sont cependant très beaux, verdoyants, devenant de plus en plus accidentés. Nous souhaitons atteindre des chutes d’eau renseignées sur la carte routière. Nous nous voyons déjà nous baigner avec les chiens dans un cadre magnifique, isolés de tout… Renseignements pris, nous devons poursuivre la petite route sinueuse et escarpée – qui est en fait la route nationale – sur laquelle nous nous trouvons depuis ce matin et, une fois arrivés au deuxième (troisième ?) col, celui où il y a du sable, on tourne à droite (ou à gauche ?), contournons un petit bois de tecks (ou de roseaux ?) et on arrive au chutes (ou au barrage ?) Comme à chaque fois, impossible de savoir !
Nous trouvons finalement l’endroit sans trop nous égarer. Il s’agit en fait d’une retenue artificielle qui permet d’alimenter une petite centrale électrique. Le cadre est beau, sans être idyllique. Nous sommes reçu par un soldat (qui n’a de soldat que le nom) qui vit sur place avec sa petite famille. Il est chargé de la surveillance du site sous contrôle militaire. Il nous explique qu’à cette époque, l’eau manque et que peu de cascades sont encore alimentées. Dommage… Par ailleurs notre plouc est plutôt effrayant, limite agressif (peut-être un peu imbibé). Nous quittons la place sans demander notre reste.
Pas de baignade pour nous aujourd’hui.
Il n’y a pas de possibilité de quitter l’axe routier pour bivouaquer : pas de piste latérale (les villages longent la route), la végétation est dense et, le plus souvent, nous sommes coincés entre le précipice à gauche et la montagne à droite. Nous atteignons en fin d’après-midi le village isolé de Kouroufimba. Nous interrogeons le chef qui accepte volontiers que nous nous arrêtions derrière sa maison, à une centaine de mètres en contre-bas, pour passer la nuit. L’endroit est sympa. Nous causons un peu avec les villageois qui entourent rapidement le véhicule et déjà la nuit tombe. Souper léger et gros dodo rapide pour tout le monde.
Mercredi 30/04/08
4° jour en Guinée, 218 jours depuis le départ
Bivouac à Labé ( N11 18.735 W12 17.485 Alt. 1006 m )
Km au compteur : 52798 ( 261 km effectués ce jour, 15568 km depuis le départ )
Je quitte le véhicule assez tôt, alors que tout le monde dort encore. Après une heure de promenade solitaire, je retrouve toute la petite famille en train de causer avec … Fred ! Fred qu’on a rencontré au Burkina, revu au Mali est maintenant en Guinée. Nous nous séparons après avoir discuté une petite heure, et envisagé une prochaine rencontre un peu plus loin dans le Fouta Djalon.
Les cours sont donnés rapidement aux filles et nous quittons Kouroufimba vers 11.30 heures. La route est toujours en piteux état mais les paysages sont superbes. Nous prenons la décision de ne pas rallier Conakry et remontons vers le nord du pays pour traverser le Fouta Djalon. Nous atteignons l’altitude de 1351 mètres. Les paysages sont verdoyants et la végétation est très dense. Il est impossible de s’arrêter au bord de la chaussée étroite, qui est cependant en meilleur état que la nationale que nous avons quittée.
Nous atteignons Labé en fin d’après-midi, sous une pluie battante et par un froid de canard : le thermomètre affiche 18.5°. Glaglagla… Les filles sont sous une couverture dans le camion et nous avons remis les polars.
Nous rallions le campement Tata et retrouvons … Fred ! Le confort du campement est assez spartiate : pas d’eau courante, pas d’électricité la journée. Mais le cadre est sympa et le patron, très accueillant. Nous pouvons bivouaquer sur le parking du campement si nous soupons au resto. Parfait. Pizzas pour tout le monde. Nous passons une heure ou deux avec Fred et regagnons nos lits bien fatigués (comme tous les jours…)
Jeudi 01/05/08
5° jour en Guinée, 219 jours depuis le départ
Bivouac à Labé ( N11 18.735 W12 17.485 Alt. 1006 m )
Km au compteur : 52798 ( 0 km effectué ce jour, 15568 km depuis le départ )
La nuit fraîche fut agréable pour tous sauf pour Jo qui a mal dormi. Dès le réveil, Fred, notre voisin, prend la route. Il souhaite faire une boucle dans le Fouta pour rejoindre ensuite Conakry et remonter vers le Sénégal en longeant la côte. Nous préférons prendre la direction du nord immédiatement, pour aborder le Sénégal par le sud-est, à proximité du Niokolo Koba. Nos chemins se séparent donc une nouvelle fois. Peut-être nous reverrons-nous au Sénégal. Nous envisageons par ailleurs de passer lui faire un petit coucou dans le sud de la France, là où il habite.
Fred nous quitte à 8.00 heures. Nous décidons de rester 24 heures de plus au campement Tata. Un peu de travail sur l’ordi pendant que les leçons sont données. Nous dînons dans le véhicule et prévoyons de souper au resto du campement. Nous sommes les seuls clients actuellement et le sympathique patron nous propose de choisir le menu du soir. Nous optons pour du poulet accompagné d’un riz aux légumes.
Les filles jouent avec les chiens toute l’après-midi. En début de soirée, un couple français expatrié à Conakry nous rejoint à l’auberge avec leur fils Frédéric. Bien que ce dernier soit un peu plus âgé que Lo et Lu, le courant passe tout de suite et les 3 gosses passent 2 heures à jouer à cache-cache dans le campement pendant que nous discutons avec les parents.
Nous allons nous coucher assez tôt. Le ciel est orageux. Il fait plutôt frais.
Vendredi 02/05/08
6° jour en Guinée, 220 jours depuis le départ
Bivouac à Labé ( N11 18.735 W12 17.485 Alt. 1006 m )
Km au compteur : 52798 ( 0 km effectué ce jour, 15568 km depuis le départ )
« Grasse » mâtinée jusque 9.00 heures. Jo a bien dormi cette fois. Le temps de s ‘habituer à l’altitude ;-)
Les filles jouent avec Fred, leur petit copain, qui les quitte vers 10.30 heures : la famille part en excursion et rentrera le soir. Les filles sont un peu tristes de quitter leur nouveau camarade.
L’enseignement débute à ce moment et se prolonge jusqu’à 14 heures. J’en profite pour effectuer, sous un ciel très menaçant, une petite balade dans la ville. Avant mon retour, l’orage éclate… Beaucoup de pluie décidément ces derniers temps…
Dès la fin de l’enseignement, nous rassemblons notre barda. Avant de démarrer le véhicule, j’effectue les contrôles des niveaux d’eau et d’huile. Je remarque que le niveau d’huile est au plus bas. J’avais constaté une baisse progressive lors des contrôles précédents, mais cette chute me paraît rapide. Pas de fuite évidente cependant. Je contacte JC par téléphone. Il est plutôt rassurant : il doit s’agir d’une consommation normale. Soit.
Il s’agit maintenant de refaire le niveau. Nous n’avons pas emporter d’huile avec nous. Je me rends à pieds à la station de carburant de la ville et trouve l’huile ad hoc. Chance ! Le temps de rentrer au campement, de faire le plein (5 litres tout de même !) et 2 bonnes heures se sont écoulées. Il est maintenant un peu tard pour prendre la route et, pour la plus grande joie des filles, nous décidons de rester une nuit de plus.
Lo et Lu attendent impatiemment leur camarade qui revient en fin d’après-midi. Ils joueront ensemble toute la soirée. Nous mangeons une fois de plus au resto du campement et filons au lit dès la fin du repas. Nous envisageons de quitter la place demain matin, à la première heure.
Samedi 03/05/08
7° jour en Guinée, 221 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Gaoual ( N11 43.662 W12 59.607 Alt. 201 m )
Km au compteur : 52931 ( 133 km effectués ce jour, 15701 km depuis le départ )
La première heure… Hum…
Le temps de se réveiller, déjeuner, s’apprêter, dire au revoir,… Nous ne quittons le campement Tata que vers 9 heures. Il s’agit tout de même d’un record !
300 km piste nous attendent jusqu’à frontière. Le début est plus ou moins difficile : pas mal de fosses et de bosses sur cette latérite mal entretenue. Nous enchaînons les cols avant de rallier la plaine. La verdure dense du Fouta Djalon laisse bientôt la place à un relief plus rocailleux. Et le thermomètre remonte au fur et à mesure que nous descendons : la fraîcheur de Labé laisse bientôt la place à une chaleur lourde et étouffante. Le contraste est surprenant.
Nous faisons halte dans la montagne pour dîner. Au menu : la fin des pizzas de la veille… Pendant ce temps, les chiens ont débusqué un énorme varan et, de manière étonnante, jouent avec lui !
La piste que nous réempruntons en début d’après-midi est plus facile. Nous parcourons encore quelques dizaines de kilomètres avant de faire halte pour un bivouac dans la brousse à quelques centaines de mètres de la piste, à proximité de Gaoual.
Petite balade avec Maury (pendant que Tany qui boîte toujours se repose) avant le souper. Ensuite, séance cinéma avec la projection de « Fourmiz » qui enchante tout le monde.
Dimanche 04/05/08
8° jour en Guinée, 222 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Sambaïlo ( N12 35.855 W13 25.782 Alt. 61 m )
Km au compteur : 53074 ( 143 km effectués ce jour, 15844 km depuis le départ )
Le réveil a lieu vers 7 heures. Nous prenons la route après le déjeuner. La piste, au départ aisée, est ensuite très cassante. Rapidement, tout le monde en a marre. Nous avançons vraiment très lentement et ça secoue énormément. Par ailleurs, la température est élevée : le thermomètre atteint 44° (toujours à l’ombre, il va de soi) ! Le trajet est assez pénible…
Nous faisons halte à Koundara pour dîner. Nous en profitons pour remplir notre réservoir d’eau à une fontaine, ce que nous n’avions pu faire à Labé. Préalablement, tout le monde prend une bonne douche chaude ( !) dans le véhicule pour épuiser nos dernières réserves.
En plein soleil, sans l’ombre de la moindre petite ombre, nous branchons notre tuyau au robinet publique que nous ouvrons au maximum. Après 1 heure, seule la moitié du bidon est remplie ! Accablés par la chaleur, nous déclarons forfait et reprenons la piste en direction de la frontière. Au moins, quand on roule, même à 10 km/h, il y a un peu de vent !
Nous atteignons Sambaïlo en fin d’après-midi. Nous y effectuons les formalités douanières de sortie de la Guinée. Tous nos interlocuteurs sont très sympa et nous reprenons la piste rapidement. Nous nous arrêtons un peu plus loin dans la brousse, avant de franchir la frontière sénégalaise, à côté d’une concession. Nous interrogeons les paysans pour demander l’autorisation de bivouaquer à proximité de leur demeure. Personne ne parle français. Mais tout le monde semble d’accord.
Les filles jouent avec les gosses pendant que nous transpirons entre adultes. Petit souper léger avant de s’étendre sur nos lits vers 21 heures.
Une fois de plus, nous passerons la nuit entre deux frontières. On aime bien…
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