BALLADE A QUATRE |
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Séjour du 29/03/08 au 02/04/08
Récit détaillé
Samedi 29/03/08
1° jour au Togo, 186 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Natigou ( N10 34.397 E0 16.074 Alt. 152 m )
Km au compteur : 48677 ( 162 km effectués ce jour, 11438 km depuis le départ )
Le réveil est assez matinal pour tous. Pas de cours ce jour, sauf pour Ami qui fait des heures sup. Pendant ce temps, les filles jouent et je vais faire une balade dans la brousse.
L’état de santé de Tany est stationnaire. Et, pour la petite histoire, Maury a perdu son collier pendant la nuit. Impossible de le retrouver.
Peu avant le départ, nous collons les stickers avec les drapeaux burkinabé (il est temps…) et togolais. Nous quittons la place vers 11 heures.
Arrivée rapide à la frontière, où les formalités sont effectuées en 1 à 2 heures : police, immigration et douane du côté burkinabé et togolais. Jo et Ami partent en quête de nourriture pendant que je patiente auprès des autorités (qui ont toujours bien le temps et qui écrivent particulièrement lentement, lettre après lettre, toute une série de renseignements sur les voyageurs dans leurs immenses registres ). Les fruits et légumes sont manifestement difficiles à dégoter et elles reviennent bredouilles.
Nous nous élançons sur les routes togolaises prudemment : la chaussée est très étroite dans un premier temps. Et les bas-côtés portent bien leur nom : il faut descendre une marche de 20 – 30 cm au moins lorsque l’on croise un autre véhicule. A chaque retour sur le bitume, nous avons la craint d’éclater un pneu. Rapidement cependant , la route s’élargit et laisse place à un boulevard au revêtement impeccable. Nous sommes sur la Nationale 1. Le contraste est surprenant.
Les paysages que nous traversons sont très beau. Assez différents de ceux du Burkina Faso. Beaucoup plus verts et vallonnés.
En fin d’après-midi, nous empruntons une piste qui s’engage dans ce que nous pensons être une carrière. Il s’agit en fait d’un dépôt de pierres. Le gardien nous accueille et nous propose de bivouaquer dans le lit de la rivière, derrière un énorme tas de gravier. Le site, à défaut d’être enchanteur, est calme, à distance de la route. Apéro, souper et fin de Star Wars pour toute la famille !
Dimanche 30/03/08
2° jour au Togo, 187 jours depuis le départ
Bivouac à Sara Kawa ( N9 37.491 E0 59.099 Alt. 243 m )
Km au compteur : 48857 ( 180 km effectués ce jour, 11618 km depuis le départ )
Une nouvelle fois, le réveil est assez matinal. Mais nous ne quittons le lieu de notre bivouac que vers 11 heures. Il nous faut toujours un temps incroyable pour nous mettre en route…
Après 2 bonnes heures de route, nous faisons halte dans la brousse pour dîner. Nous garons le véhicule sous un immense manguier et récoltons quelques kilos de fruits avant de reprendre la route. Nous allons traverser le parc national de la Kéran, où nous espérons observer quelques animaux. Nous interrogeons les agents d’une brigade forestière pour obtenir des renseignements sur les lieux les plus appropriés pour l’observation. Malheureusement, les « gros » animaux ne sont plus très nombreux dans cette réserve, et les agents nous encouragent à visiter le parc animalier de Sara Kawa, une réserve clôturée de plusieurs centaines d’hectares ( ?) où vivent plusieurs espèces animales d’Afrique de l’Ouest et Australe. Le parc est situé à une septantaine 70 km au sud de la réserve de Kéran.
Après 50 km de goudron, nous empruntons une piste assez facile pour rallier le parc. Nous sommes accueillis chaleureusement. Nous sommes les seuls visiteurs. Le parc est peu connu et vient d’ouvrir ses portes il y a deux mois seulement. Initialement, cet espace était destiné au Président togolais sortant, pour accueillir ses amis en toute intimité ! Malheureusement, il est décédé précocement et n’a pu en profiter… Le lieu est devenu une réserve de l’Etat.
Nous avons eu la chance de voir de prêt zèbres, buffles, gnous, antilopes diverses, tortues,… Des éléphants doivent être prochainement importés.
Après la visite, nous discutons avec les responsables qui acceptent que nous logions dans la réserve. Ils mettent à notre disposition leur douche et nous confient un petit fourneau : ce soir, on se fait un petit barbecue de poulet. Un villageois a été interpellé par un des gardiens et nous apportent 2 poulets bien vivant, que Blaise tue et dépèce avec mon aide. Il faudrait tout de même bien que la prochaine fois, je fasse ça tout seul… Cette fois, je crois avoir compris la manœuvre !
Lc cuisson n’est par contre pas une réussite. La viande est très coriace. Goûteuse, mais coriace. Par ailleurs, tout le monde est vraiment fatigué. Tous ces préparatifs nous ont mené assez tard dans la nuit. Nous allons dormir sans demander notre reste.
Lundi 31/03/08
3° jour au Togo, 188 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Sokodé ( N8 54.536 E1 05.409 Alt. 376 m )
Km au compteur : 48978 ( 122 km effectués ce jour, 11740 km depuis le départ )
Réveil à 6.30 heures. Je ne suis pas en forme. La chaleur est moindre qu’au Mali ou au Burkina, par contre, elle est humide. Et c’est beaucoup plus difficile a supporter.
Peu après le réveil, le responsable du parc nous signale que le conservateur va arriver : Joëlle dispensera l’enseignement à l’extérieur de l’enceinte, c’est préférable. Nous rencontrons toutefois l’homme, qui est également très sympa et avec qui nous discuterons une heure avant de quitter la place.
Nous effectuons les 20 km de piste en sens inverse, rejoignons le goudron et, dès la fin des cours, rallions Kara où nous effectuons quelques courses sous une chaleur étouffante. Liquéfiés, nous cherchons un resto dans la ville et dégotons La Douceur, une très chouette auberge. Pendant le repas, l’orage éclate. Un bon gros orage de pluie chaude. Les filles jouent pendant une heure sous l’averse avant que nous prenions le départ. Il est 16 heures…
Rapidement, nous traversons le mont Togo par un col à 752 mètres d’altitude. L’ascension est lente, la route est TRES pentue. Les camions que l’on croise descendent à pas d’homme. Dans la première partie de la descente, nous croisons un camion qui monte également à pas d’homme. Le capot est ouvert et un des apprentis marche devant le véhicule pour asperger le moteur d’eau !
Après avoir contourné un énorme rocher au milieu de la chaussée ( !), nous arrivons sur le lieu d’un terrible accident : les freins d’une (très vielle) camionnette ont lâché et elle est tombée dans le précipice ! Ses 12 occupants sont blessés ! Pendant que Jo reste avec les filles un peu plus bas sur la route, j’examine –comme je peux, dans ces conditions difficiles- les 12 victimes : pas d’enfant, pas de décès, au moins 6 blessés graves. Je réparti les gens dans des véhicules dès que je les ai examinés : les urgences quittent la place au plus vite, dans 2 pick-up, couchés dans la benne, pendant que j’examine les suivants. Un vrai plan catastrophe. Sauf qu’il n’y a pas de Samu, d’ambulance, de matériel médical…
L’hôpital le plus proche est à 30 km, une chance ! Nous chargeons les 3 derniers blessés, et rallions Sokodé. Tous sont arrivés vivants…
Pour la suite, on verra… J’ai proposé mes services pour aider la seule résidente-médecin que j’ai rencontrée. Elle m’a signalé qu’une aide financière était toujours la bienvenue, mais pour le reste, qu’elle pouvait gérer…
Quand nous quittons l’hôpital, il fait nuit noire. Peu après être sortis de la ville, nous nous engageons sur une piste qui est en fait l’entrée d’un village. Nous ne distinguons pas grand chose, il n’y a pas d’éclairage publique (pas de ligne électrique). Les gens, inquiets, sortent de leurs maisons. Nous expliquons notre recherche et ils nous proposent de faire demi-tour et d’emprunter une piste un peu en amont. Nous y trouverons notre bonheur…
Effectivement, nous croisons rapidement sur cette piste le gardien d’une école qui nous propose de dormir sur le terrain de foot proche. Discussion pendant une bonne ½ heure avec lui, et gros dodo après cette journée chargée d’émotions.
Mardi 01/04/08
4° jour au Togo, 189 jours depuis le départ
Bivouac à Nangbéto ( N7 25.038 E1 26.257 Alt. 147 m )
Km au compteur : 49191 ( 214 km effectués ce jour, 11954 km depuis le départ )
La nuit fut bonne. Nous quittons le terrain de foot vers 8.30, alors que les premier écoliers nous ont réveillé vers 7.00 heures. Nous roulons plus ou moins 1 heure sur une chaussée bien moins bonne que la veille avant de nous arrêter pour nos cours.
Nous faisons halte dans une forêt de teck. Depuis le début de notre parcours au Togo, nous longeons régulièrement des forêts de teck. Ces arbres au bois si dur sont plus petits que ce que nous imaginions. Enfin, si on les compare aux gros chênes de nos forêts… Par contre, leurs feuilles sont immenses. C’est assez impressionnant.
Nous dînons dans un campement situé au milieu d’un gros village dont nous ne connaissons pas le nom. Il fait toujours TRES chaud. Jo, Ami et moi sommes vraiment accablés par cette chaleur humide. Les filles, pourtant toutes transpirantes, supportent par contre remarquablement bien le climat.
Nous traversons l’après-midi des contrées très verdoyantes. Partout où nous faisons halte, nous sommes bien accueilis. Arrivés à Atakpamé, nous quittons le goudron et empruntons la piste en direction du barrage de Nangbéto. Nous espérons y voir des hippopotames, l’endroit est réputé.
Nous arrivons la nuit tombée au barrage. Les gendarmes qui en gardent l’accès sont complètement saouls. Je descends du véhicule pour discuter avec eux. Ils sont effrayant, manipulant leurs armes devant mes yeux. Moi qui ai une sainte horreur des armes à feu. C’est presque une vraie phobie : leur vue provoque parfois chez moi des réactions …bizarres. Je parviens néanmoins à me maîtriser et acquiesce leurs dires sans broncher. Bien que je ne comprenne quasi rien de ce qu’ils me disent ! Le gradé dicte à son second quelques phrases incompréhensibles qu’il note sur une feuille volante usagée. Il me demande de signer. Ce que le second a écrit ne ressemble pas du tout à ce qui a été dicté, et c’est aussi incompréhensible ! Après une bonne dizaine de minutes de "discussion", je leur signale que je suis officier de l’armée belge… Avec énormément de respect (comme on peut en avoir quand on est mort tanné), ils me prient de prendre place à leur table de fortune et me propose de goûter leur alcool de palme. Ca déménage…
Après quelques minutes supplémentaires, un apprenti qu’ils ont envoyé dans la cité (une ville a été élevée sur le site du barrage lors de sa construction, et les travailleurs sont venus y vivre ; actuellement, elle est toujours occupée par le personnel d’entretien) revient et me signale que nous sommes autorisés à pénétrer sur le site. Nous avons rendez-vous avec le directeur-adjoint, malgré l’heure tardive.
Je quitte mes nouveaux amis et, après quelques minutes de route, rejoint l’endroit désigné. Nous rencontrons le directeur, charmant, qui nous explique rapidement que le barrage est le fruit d’une collaboration bénino-togolaise, qu’il est gardé par l’armée togolaise et géré par les béninois. Il nous propose de dormir où nous le souhaitons sur le site, dans la cité (il y a un « hôtel ») ou ailleurs. Nous sommes les bienvenus. Aucune crainte à avoir, la place est sous bonne garde !!! Nous pourrons tenter d’apercevoir les hippos demain, nous avons sa bénédiction…
Jo n’est pas du tout en forme et s’endort immédiatement. Le reste de la troupe soupe et se met rapidement au lit : le réveil est prévu assez tôt demain…
Mercredi 02/04/08
5° jour au Togo, 190 jours depuis le départ
Bivouac à Tado ( N7 08.476 E1 35.702 Alt. 193 m )
Km au compteur : 49245 ( 55 km effectués ce jour, 12009 km depuis le départ )
Je me lève vers 5.50 heures. Il fait déjà jour. Et déjà chaud. Tous nos vêtements, nos lits, nos draps sont humides.
Je quitte le camping cam seul et me rends à pieds vers le barrage. C’est du haut de celui-ci qu’on peut espérer apercevoir les énormes bêtes. Après une bonne heure d’attente, le gardien du barrage me montre quelques rochers, à 200-300 mètres du mur, proches de la berge : ce sont les dos des animaux. Je quitte rapidement la place, rejoints le camion et réveille tout le monde. Nous rejoignons le barrage avec le véhicule, que l’on gare au sommet de l’énorme mur de béton, le long de la route qui permet de franchir la retenue.
Tout le monde observe les animaux aux jumelles. On n’en voit que le dos, les oreilles et les nasaux. Le gardien nous explique qu’ils sortent pendant la nuit pour brouter et que c’est une chance de pouvoir les voir maintenant. Nous restons un peu sur notre faim…
Nous déjeunons dans le camion et les filles font les cours. Des ouvriers sont arrivés et attendent leur chef pour débuter les travaux de réfection, au pied du barrage, près de l’endroit fréquenté par les hippos. Cela paraît maintenant clair, les animaux, craintifs au départ, verrons ces hommes et ne quitterons plus l’eau profonde…
Mais contre toute attente, après ½ heure, un des mastodontes apparaît et se dirige vers la berge. Il va sortir de l’eau ! Incroyable ! A 200 mètres de nous, l’animal quitte le lac et avance en broutant sur la berge. Et il est bientôt suivi par un autre, puis un troisième. Puis par une mère et son bébé ! Waw !!! Tout le monde est émerveillé. Y compris les ouvriers qui n’ont jamais assisté à un tel spectacle…
Prudemment, Jo commence une approche, appareil photo au poing. Je la suit après quelques minutes. Nous approchons les animaux en douceur et nous dissimulons derrière une petite colline, à 50 mètres d’eux. Jo retourne chercher les filles. Elles approchent à leur tour les énormes bêtes et sont très impressionnées.
Après quelques minutes, on ne sait pourquoi, les ouvriers arrivent en courant et chassent les animaux. Ils en isolent 3 dans une grande marre et tentent de les déloger à coups de pierres. Nous ne comprenons pas leur attitude. Entre eux, par ailleurs, il y a pas mal de tensions. Ils s’engueulent mutuellement.
Et tous nos hippos disparaissent définitivement…
Mais nous avons eu une chance incroyable de pouvoir les admirer ainsi pendant une heure !
Nous quittons la place rapidement et poursuivons les cours dans la brousse, à 2-3 km du barrage. Nous reprenons ensuite la piste qui nous mènera aujourd’hui, on l’espère, à la frontière. Mais la piste, annoncée « bonne » est dans un état déplorable, ravagée par les pluies toutes récentes. Nous avançons lentement, mais le camion franchit tous les obstacles sans peine. Pas besoin d’enclencher les blocages de différentiels ou le réducteur…
Vers 15.30 heures, nous faisons halte sur la place d’un tout petit village perdu au fond de la brousse pour dîner. Une pluie violente mais de courte durée s’abat sur nous. Nous pouvons rapidement reprendre notre route (après une petite sieste tout de même !)
Mais l’état de la piste s’est encore détérioré. Nous avançons à pas d’homme. Nous arrivons à l’entrée d’un autre petit village. La piste est tout à fait ravinée, éventrée en milieu : une faille profonde de 50 à 60 cm divise la piste en deux (dans le sens de la conduite) laissant 2 demis mini-pistes de chaque côté. Soit on se met à cheval au dessus de la faille - ce que l’on fait couramment -, soit on met les roues gauches dans les arbustes à gauche et les roues droites sur la partie gauche de la piste – ce que l’on fait couramment aussi-. La faille paraissant assez large un peu plus loin, je prends l’option n° 2.
Bien mal m’en a pris…
Après quelques dizaines de mètres, le camion s’enfonce du côté gauche. Plus moyen d’avancer. Je décide donc de faire une petite marche arrière et d’aller plus à gauche encore, en écrasant la végétation. A l’entame de la marche arrière, la petite Luciole, la tête penchée par la fenêtre à droite dit très calmement, avec sa petite voix douce : « papa, on va tomber dans le trou… » Je ne l’écoute pas, restant concentré sur la manœuvre. Et ce qui devait arriver, arriva !
« Je te l’avais dit, papa », me dit la miss avec sa voix toujours aussi calme (ce qui est très rare chez Lucile !)
Et nous voilà les roues dans le vide, posé sur les deux ponts ! Enclencher à ce moment tous les blocages de différentiels n’y changeront bien sûr rien…
4 heures…
Il nous a fallu 4 heures pour sortir le véhicule de là. Avec l’aide de dizaines de villageois et de l’équipage d’un poids lourds arrivé à proximité par une autre piste. Nous avons tenté, sans succès, de tirer notre camping cam avec l’autre camion. Nous avons tout juste réussi à arracher la partie arrière du châssis de ce dernier !!! Alors que le chauffeur venait de la ressouder… Il n’a pas trop mal pris la chose. Difficile de râler, évidemment, quand l’assemblée toute entière (une centaine de personnes, tout de même !) rigole à gorge déployée.
Non, il a fallu creuser la terre (dure, très dure, la terre !) sous le châssis pour retrouver de la motricité. En pleine nuit, noirs de terre, suants et puants, nous avons alors pu dégager le véhicule, tous blocages enclenchés, bien sûr ! Ah, si j’avais fait ça plus tôt…
Les filles n’ont pas perdu leur temps. Après avoir un peu « creusé », elle sont rentrées dans le véhicule avec Jo et ont terminé leurs devoirs de la semaine ! Et Ami nous a éclairé pendant toute la manœuvre. Après avoir remercié la population, nous avons suivi l’autre camion, qui se rendait dans un village proche, à 3 km. Nous avons invités nos amis à boire des bières dans le bar du village. Après quelques tournées, nous avons mis les filles au lit et rejoints nos sauveurs pour continuer la soirée.
Nous avons discuté pendant des heures avec eux. Nous avons notamment longuement parlé du culte Vaudou, qui trouve son origine dans cette région d’Afrique de l’Ouest. Une soirée vraiment très chouette. Ce que nous savions des rituels Vaudou (presque rien, en fait) ne reflète pas du tout ce qu’on nous en a dit…
Suite du récit sur la page consacrée au Bénin