BALLADE A QUATRE |
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Séjour du 06/10/07 au 02/11/07
Séjour du 16/06/08 au 30/06/08
Récits détaillés
1. Séjour du 06/10/07 au 02/11/07
2. Séjour du 16/06/08 au 30/06/08
1. Séjour du 06/10/07 au 02/11/07
Samedi 06/10/07
1° jour au Maroc, 11 jours depuis le départ
Bivouac à Lixus, près de Larache (N35 13.418 W6 07.823, Alt 52 m)
Km au compteur : 38546 (100 km effectués ce jour, 1451 km depuis le départ)
La deuxième nuit sur le Marrakech Express s’est bien déroulée. Tout le monde a dormi à poings fermés. Dès le réveil, Lo et Lu ont retrouvés leurs copines Yasmine et Laïla. Elles habitent en Allemagne où leur papa travaille dans le domaine de l’informatique. Il rentre avec elles au pays, près de Rabat. La matinée à bord se déroulera à merveille pour les 4 petites filles, qui, si elles ne parlent pas la même langue, se comprennent à merveille.
Vers 11 heures, nous accostons à Tanger. Etant les derniers montés, nous sortirons les premiers. Nous sommes guidés vers le poste de douane vers lequel nous nous dirigeons à bord de notre camping cam. La file des autres véhicules s’étire derrière nous, sous un soleil radieux et une forte odeur de poisson ! 1° contact avec la police marocaine. Contrôle des documents, et visas de 1°entrée au Maroc. 1° tentative de bakchich de la part du policier. Nous ne cédons pas. Ensuite viens le tour de la douane. Visite succincte du camping cam. Rien à déclarer (« même pas d’arme de chasse » !), la visite avait plutôt pour but d’assouvir la curiosité du douanier… Les formalités sont réglées en 1 heure et nous pouvons quitter le port, après un ultime contrôle douanier, à la sortie.
Commence alors la recherche de dirhams. Nous trouvons de nombreux distributeurs d’argent mais tous refusent nos cartes. Les banques sont fermées. C’est le ramadan. Nous nous rabattons alors sur un « changeur d’argent/vendeur de hachisch » qui nous hèle en rue. Méfiance… Mais nous avons besoin de monnaie locale et les banques sont fermées jusqu’à lundi. Nous changeons alors 200 euros contre 2200 dirhams (change plutôt intéressant). Je (Mirou) m’occupe des tractations qui se font dans la rue, le « changeur/vendeur » guettant la police ! Mwais… Je remarque qu’il me présente 2100 dh, mais il me demande aussitôt de les recompter, ce que je fais. Il fait semblant de ne pas croire qu’il manque 100 dh, et les recompte une fois de plus. Et c’est là que le tour de passe-passe intervient : il me rend 100 dh de plus, mais en a subtilisé 800 ! Il me rend la liasse, me propose du « très bon hachisch », me parle d’autre chose, me souhaite bon séjour et s’en va gentiment. Je remonte dans le véhicule et recompte aussitôt la somme. Merde ! Il manque 800 dh ! Je confie la somme à Jo et je ressors précipitamment. J’aperçois l’homme qui tourne 200 mètres plus loin, je pique un sprint, le rattrape et avec ma grosse voix (un peu tremblant tout de même !) je l’oblige à me restituer ce qu’il m’a dérobé. Il fait semblant de rien, fini par me rendre 100 dh, puis 100 autres et ainsi de suite. Les gens nous observent. Je suis « loin » du camping cam, que je n’aperçois plus. Je ne suis pas très à l’aise. « Encore » dis-je, « encore ». Arrivé à 800 dh, je tente le tout pour le tout : « encore ! » Il me regarde étonné. Il me dis de recompter ce que j’avais déjà reçu. Il est un peu perplexe. Je lui dit de venir au camion, ce qu’il fait. Arrivé au camion, lui dehors et moi dedans, je recompte l’argent en dissimulant à mon tour 200 dh. Il rigole. Moi aussi. Nous nous séparons gentiment… Welcome in Morocco !
Plein de carburant (0.7 euros / litre) et descente le long de la côte. Nous arrêterons au bord de l’océan pendant 2/3 heures, pour dîner et se baigner. Le temps est superbe, le soleil brille et l’eau est chaude. Les filles sont ravies. Nous aussi. Le bonheur… Les plages s’étendent à perte de vue, et il n’y a que quelques touristes et quelques pêcheurs locaux (« quelques », ça veut dire 20 personnes pour 20, 30, 40 km de plage). Seule ombre au tableau : la saleté. Partout des détritus. Pas bien…
Sur les routes, beaucoup de charrettes à bras, d’ânes, de troupeau de chèvres et de moutons. Quel dépaysement. Tout le monde nous salue, nous hèle. Il y a aussi beaucoup de contrôles policiers (excès de vitesse). Nous nous arrêtons dans une petite localité et déambulons dans un petit souk. Les gens sont gentils, serviables.
Nous avons rendez-vous avec Henri et Christiane à Larache. Nous les retrouvons sur la place du village et ils nous présentent « Rolling Stone », un marocain très sympa, affabulateur et gros fumeur de haschich. Il nous propose de dormir dans sa « propriété », à quelques km de Larache. Nous acceptons. Souper local (soupe) après la rupture du ramadan et départ chez Rolling Stone. Il fait noir. « Ne jamais rouler en Afrique la nuit ! » Première entorse à cette règle, justifiée (la règle) par la dangerosité des routes : pas d’éclairage, routes (ou pistes) défoncées, autres véhicules sans phares, marcheurs, charrettes, animaux,… Nous passerons d’ailleurs sur un petit pont interdit aux plus de 5 tonnes (on en fait presque 10 !) en nous en rendons compte, seulement une fois dessus, aux bruits bizarres que nous entendons !!! En suivant le 4x4 d’Henry, nous n’avions pas vu le panneau ! Hum hum !
Les filles se sont endormies avant le départ et ne se réveilleront que le lendemain. Nous passerons la soirée chez Rolling Stone, dans « maison » très rudimentaire, avec la connexion TV satellite cependant.
Dimanche 07/10/07
2° jour au Maroc, 12 jours depuis le départ
Bivouac au camping de Chefchaouen (N35 10.574 W5 16.041, Alt 723m)
Km au compteur : 38705 (159 km effectués ce jour, 1610 km depuis le départ)
Nous quittons nos amis en milieu de matinée. Direction Chefchaouen. Henry et Christiane s’y rendent aussi. Nous les retrouverons au camping.
Le trajet est magnifique. Les paysages sont arides et très vallonnés. Montagneux même. Nous sommes dans les contreforts de l’Atlas et passons de col en col. Le camion pêne dans les côtes et doit être maîtrisé dans les descentes. Mais tout se passe bien.
Nous nous arrêterons 2-3 heures sur le temps de midi, à l’ombre des oliviers. Repos dans les hamacs pendant que les filles visitent le coin et jouent avec les crottes de chameau séchées, ce qui les fera rire tout le bivouac durant ! Au menu ce midi : brochettes de bœuf, saucisse, merguez (made in France, ce sont nos restes), patates et tomates du coin. En dessert, des prunes, du raisin et un drôle de fruit jaune qui ressemble de (très) loin à un melon, et qui goûte un peu la banane. On en trouve partout au bord des routes, mais on ne connaît pas encore son nom. A ce propos, de manière étonnante pour nous, les gens parlent peu le français. L’arabe semble être leur seule langue parlée. Du moins dans les endroits plus reculés, car dans les « grandes » villes, il est facile de converser en français.
Nous arriverons peu après le coucher du soleil à Chefchaouen, et rejoindrons nos amis dans un camping « tout confort », avec eau froide et électricité. Il y a même Internet, avec une connexion 56k qui saute tout le temps mais qui nous permettra tout de même de mettre en ligne quelques mises à jour du site et de relever notre courrier.
Bonne nuit…
Lundi 08/10/07
3° jour au Maroc, 13 jours depuis le départ
Bivouac au camping de Chefchaouen (N35 10.574 W5 16.041, Alt 723m)
Km au compteur : 38705 (0 km effectué ce jour, 1610 km depuis le départ)
Les cours de Lola reprennent ce matin. Elle est très concentrée et en 1.5/2 heures, la matière est avalée. Pendant ce temps, Lu et Mirou s’occupent du contrôle du véhicule, des poubelles, de la vidange des wc, etc (enfin tout ce qu’on doit faire tous les jours, quoi…) et papotent à gauche à droite avec des voyageurs allemand, anglais, et français. Beaucoup de 4x4 dans ce petit camping, mais aussi des camping cars traditionnels et des caravanes.
La journée s’écoule paisiblement sur la colline de Chefchaouen, sous une douce chaleur bienfaisante. Vers 16h30, après la lessive (faite à la main, par Lola et Lulu seules s’il vous plait !), nous quittons le camping à pieds et entamons la descente sur la vieille ville.
Magnifique. De minuscules ruelles encombrées de monde, bordées de maisons délabrées blanches et bleues, des odeurs de cuisine qui nous titillent les babines (les pauvres musulmans en plein ramadan qui doivent, en plus de l’abstinence, supporter ça !), des cris, des enfants qui jouent dans les détritus, des femmes voilées qui ébauchent un timide sourire, des vieux et des moins vieux qui… Qui ne font rien, en fait ! C’est fou ce qu’il y a beaucoup d’hommes qui ne font rien, ici (les femmes, par contre…) Et nous au milieu de tout ça. Heureux. Les filles n’en finissent pas de poser des questions. Tout est tellement loin de leurs références. Et des nôtres !
Dès la rupture du jeûne, les ruelles se vident. Il n’y a plus que nous, les chiens et les chats. (Et il y en a vraiment beaucoup, des chiens et des chats. On ne les avait pas encore vus tellement il avait du monde !) Tout le monde est allé manger. Il est presque 18 heures et la clarté du jour diminue. On s’installe dans le souk, sur une terrasse. On demande au patron de finir de manger paisiblement, lui qui était déjà debout, la bouche pleine, alors qu’on était pas encore assis. On a le temps… Couscous poulet pour les filles, poulet rôti et frites pour Jo, tagine de viande-légumes pour Mirou. Tout ça sans alcool. On n’en sert pas.
Retour au camping (1/2 heure de marche) entourés d’enfants qui nous font leur Royal Printen avec de vieilles bouteilles en plastique et qui nous encouragent à chanter avec eux en arabe.
Mardi 09/10/07
4° jour au Maroc, 14 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Kinitra (N34 24.221 W6 25.979, Alt 1m)
Km au compteur : 38882 (177 km effectués ce jour, 1787 km depuis le départ)
Le réveil se passe dans la bonne humeur, vers 6.30 heures. Petit déjeuner pour Joëlle et les filles, alors que je les quitte pour un petit jogging matinal. Joëlle débutera l’enseignement avant mon retour. A la sortie du camping, qui surplombe la vieille ville, je me suis engagé dans la montagne à travers bois. J’ai rapidement rejoint une piste déserte qui serpente vers le sommet. Sans le savoir, j’ai emprunté une route qui traverse une zone d’ « aménagement touristique » ordonné par Mohammed VI. Je trouverai effectivement au niveau du premier col, après ¾ d’heure d’ascension, un magnifique point de vue aménagé avec, même, zone de parquage. Il ne doit cependant pas y avoir beaucoup de touristes qui s’aventurent dans le coin et l’accès en voiture ne me semble pas particulièrement aisé. Mais quel spectacle…
De ce nid d’aigle, on observe Chefchouaen qui s’étire à flanc de colline. Une fine brume en recouvre encore une partie. Le blanc domine bien sûr les couleurs de la ville, mais le bleu si particulier observé hier paraît maintenant mauve pâle, presque rose. C’est très joli. Et assez bruyant : on entend un brouhaha important qui monte de la vallée. Retour au camping après1 ½ heures de balade.
La matinée s’écoule paisiblement et nous décidons de prendre la route début d’après midi. Direction Rabat, où nous devons nous rendre pour nous procurer les visas pour la Mauritanie.
Peu après la rupture du jeûne, nous nous arrêterons dans une petite localité pour manger une côte de mouton grillée sur le trottoir devant la boucherie. La nuit est tombée et nous reprendrons la route pour quitter le village et trouver un endroit plus calme pour dormir. Peu avant Kenitra, nous nous arrêterons devant un bâtiment administratif, le long de la grand-route. Un endroit sûr, mais bruyant.
Mercredi 10/10/07
5° jour au Maroc, 15 jours depuis le départ
Bivouac à Rabat (N34 00.967 W6 49.525, Alt 52m)
Km au compteur : 38959 (77 km effectués ce jour, 1864 km depuis le départ)
… Très bruyant même. La nuit fût mauvaise pour tout le monde. Sauf peut-être pour Lulu qui, depuis le départ, dort du sommeil du Juste. Ses nuits ne sont ponctuées que par quelques grognements et petits cris, auxquels nous nous sommes maintenant habitués.
Toute la nuit, un trafic de camions, de charrettes, de piétons bruyants. Mais que font tous ces gens la nuit ? Certainement tout ce qu’ils ne font pas la journée durant ces 28 ou 29 jours de Ramadan…
Le matin, de jeunes enfants entourent le camion. Certains partent manifestement à l’école, leur cartable au dos. D’autres sont en train de jouer. Dès qu’ils nous aperçoivent, ils entourent le camping cam, montent sur les murs, les poteaux. Ils crient, nous appellent. Ils sont 40, 50. C’est impressionnant ! Ils demandent de l’argent, de la nourriture, les vélos,… Ils sont envahissants, harcelants…
Je sors pour « parler » avec eux, et leur propose de faire une photo. Cris et hurlements de joie. Je suis rapidement rejoint par Lola quelque peu effrayée. Tous la touchent, parfois un peu brutalement. Les filles veulent l’embrasser. Elle se laisse faire, mais ne me quitte pas des yeux. Joëlle, plus réservée, n’a pas quitté le camping cam et Lulu, qui s’en fout complètement et qui nous demande pourquoi on ne laisse pas entrer tout le monde, termine son bol de céréales paisiblement. Impossible d’envisager la leçon de Lola dans ses conditions. Nous reprenons alors la route pour nous arrêter quelques km plus loin, en campagne.
Un peu de mécanique avec Lulu : nous allons « souffler » les filtres à air ! Deux heures passent. Au tarif horaire belge, je ne rapporterais pas grand chose comme garagiste ! Mais bon, pour mon apprentie et moi, c’est une première… Nous avons été rejoint par 2 enfants que nous avions aperçus le matin. Ils sont calmes et restent près de nous pendant toute notre halte, se couchant avec nous sous le camion, me passant l’un ou l’autre outil et ne parlant pas un mot de français. Nous leur proposons de boire quelque chose mais ils refusent : feraient-ils déjà le jeûne à leur âge ? Nous n’en saurons rien… Nous les quittons en les remerciant et reprenons la route de Rabat.
Arrivés à proximité de la côte, nous décidons de tenter notre première expérience « dunes ». D’après les cordonnées du GPS, nous devons nous trouver à moins de 1 km de l’océan. Nous allons quitter la route de Rabat et nous engager perpendiculairement, plein ouest, dans le sable. Le début se passe plutôt bien. Après 200-300 mètres, arrivent les premières côtes. Et là, c’est autre chose… Blocage de différentiel du pont arrière, à titre préventif. Quelques centaines de mètres plus loin, pouf ! On s’arrête sec. Blocage du différentiel avant, puis inter-pont. Ca avance péniblement… Puis on s’immobilise à nouveau. Plus moyen d’avancer. Devrait-on dégonfler les pneus ? Certainement. Mais la route est 500 mètres en contre-bas, derrière nous. Du sommet de la colline où nous nous trouvons, nous apercevons la plage avec, un peu plus au sud, une « route » qui y accède. Marche arrière en douceur, ½ tour et retour à la civilisation goudronnée. Première expérience peu concluante…
La plage que nous avons aperçue est moins sympa que celle que nous avions fréquentée le premier jour. Beaucoup de crasses et de vent. Après un dîner léger j’accompagne les filles dans l’eau. Les rouleaux sont impressionnants. Lola, qui décide de retenter l’expérience « surf sur le sommet de la vague » se fait renverser par la première déferlante. Elle n’osera plus s’aventurer dans l’eau sans moi…
Après une heure, nous reprenons la route et arrivons à Rabat. Nous possédons l’adresse de Marie Françoise et de Pierre, amis de la famille de longue date, d’une génération intermédiaire entre celle de nos parents et grands parents. Ils vivent à Rabat depuis 50 ans. Marie Françoise à travaillé à l’ONU et Pierre était dirigeant d’une entreprise de traitement du liège : « Les Lièges du Maroc ». Il exerce toujours une activité actuellement, à un niveau moindre cependant.
L’accueil est extraordinaire. La surprise est totale pour eux car nous n’avions pu les prévenir de notre passage… Ils nous invitent à souper et nous passerons la soirée en leur compagnie, dans leur très belle maison située à proximité du quartier des ambassades. Ils sont passionnants. Nous écoutons avec un réel plaisir leurs histoires. Ils ont eux-même été de sacrés baroudeurs il y a quelques décennies, et restent encore actuellement de grands voyageurs. Nous dormirons dans leur rue très calme et déjeunerons ensemble demain matin.
Jeudi 11/10/07
6° jour au Maroc, 16 jours depuis le départ
Bivouac à Rabat (N34 00.967 W6 49.525, Alt 52m)
Km au compteur : 38959 ( 0 km effectué ce jour, 1864 km depuis le départ)
La nuit s’est passée, calme et reposante pour les filles, agitée pour moi… Je ne suis pas en forme le matin. Je me demande si je ne suis pas victime des effets secondaires de la prise de Lariam, le traitement antimalarique préventif que Lo, Lu et moi prenons depuis 3 semaines (Jo n’a pas souhaité prendre de prévention). C’est un traitement très efficace, peu contraignant en terme de posologie, mais assez lourd sur la plan des effets secondaires : essentiellement (et relativement fréquemment !) insomnie, dépression nerveuse et convulsions ! Beaucoup de gens qui l’ont essayé le décrivent comme une réelle crasse. On verra comment ça se passe les jours à venir…
Le déjeuner est pris en compagnie de Marie Françoise et Pierre, nos hôtes charmants. Pierre nous quitte vers 9 heures pour se rendre au travail. Les leçons de Lola débutent. Pendant ce temps, Lu et moi partons à l’ambassade de Mauritanie. Marie Françoise à la gentillesse de nous déposer à proximité en voiture. L’attente sur le trottoir sera longue, à peu près 2 heures. Nous en profitons pour remplir les 4 formulaires de demande de visas de transit. Nous devrons y joindre, pour chacun, le passeport, une photocopie de celui-ci, 2 photos, et 200 dirhams. Une fois entrés dans l’ambassade, les formalités sont rapides : après quelques dizaines de minutes, nous sortons avec un reçu et l’assurance que les documents seront près demain à midi. Nous reviendrons donc…
Sur le trajet de retour, nous nous arrêtons à la poste. Nous devons envoyer les devoirs de Lola à l’EAD. Il règne dans le bureau de poste une pagaille indescriptible. Nous faisons marche arrière et prenons un taxi pour retourner chez nos amis : on verra demain !
L’après midi s’écoule paisiblement. Jo profite de l’hospitalité de Marie Françoise et Pierre pour faire la lessive, les filles jouent et moi… je me repose. Toujours pas la grande forme. Nous souperons une nouvelle fois ensemble et irons dormir vers 21 heures.
Vendredi 12/10/07
7° jour au Maroc, 17 jours depuis le départ
Bivouac à Rabat (N34 00.967 W6 49.525, Alt 52m)
Km au compteur : 38959 ( 0 km effectué ce jour, 1864 km depuis le départ)
Je suis toujours un peu « bablou » le matin malgré une nuit meilleure. Une nouvelle fois, déjeuner en compagnie de Marie Françoise et Pierre, qui se coupent en 4 pour nous. Discussions intéressantes, notamment sur le Sahara Occidental et sa relative indépendance.
Nous quittons la maison avec Pierre qui nous emmène visiter le site de son ancienne usine « Les Lièges du Maroc ». Les bâtiments situés sur 3 hectares ont été vendus il y a 2-3 ans et un promoteur a transformé le site en habitations individuelles très nombreuses, toutes occupées actuellement. Nous nous rendons ensuite au bureau de Pierre où Marie Françoise viendra nous rechercher en voiture. Au retour, elle déposera Lo, Lu et Jo au Marjane, la grande surface « à la française » de Rabat (on trouve au Maroc 4 ou 5 Marjane). Après une heure, nous nous retrouvons chez nos hôtes, et les leçons de Lola peuvent débuter.
Lu et moi retournons à l’ambassade de Mauritanie pour récupérer nos passeports et visas. Nous sommes très bien accueillis par une responsable qui prend Lulu par la main et va la présenter à l’Ambassadrice… En fait, il s’agit d’une secrétaire ! On s’amuse bien à l’ambassade de Mauritanie… Mais on n’est pas très sérieux : dès la réception des passeports, je vérifie les visas et nos « copains » se sont trompés dans les dates ! Ils nous autorisent à séjourner en Mauritanie de ce jour jusqu’au 12 novembre ! Cela ne nous arrange évidement pas, nous avons encore prévu de passer 3 semaines au Maroc, et nous envisageons, à priori, 3 autres en Mauritanie. Toute discussion est vaine : le visa accordé par le Consul est celui-là, et pas un autre ! Il n’y a d’autre possibilité que se représenter lundi15 à 9 heures pour expliquer la situation au Consul, il est parti en week-end (il est midi…) Bon, d’accord. On reviendra lundi…
Retour chez nos amis, où nous passerons encore l’après midi. Nous irons passer le Week end à la plage, ce qui enchante les filles… Et puis nous aussi finalement. On se reposera…
En soirée, après avoir encore soupé chez nos amis (cette fois c’est la dernière…), passage au cyber café, où, surprise, il y a une connexion ADSL. L’heure de « surf » est facturée 6 dirhams.
Samedi 13/10/07
8° jour au Maroc, 18 jours depuis le départ
Bivouac à Temara (N33 55.806 W6 57.231, Alt 1m)
Km au compteur : 38985 ( 26 km effectués ce jour, 1880 km depuis le départ)
Ce matin, Pierre et Marie Françoise partent en balade dans le sud pour 3 jours. Nous déjeunons une dernière fois ensemble et nous quittons avec de grandes accolades. Nous avons passé un très agréable séjour chez vous, nous espérons pouvoir vous rendre un jour la pareille. Venez nous saluer dans quelques années à Dolembreux, notre maison est la vôtre !
A notre tour, nous prenons à 9 heures la route côtière vers Casablanca. Avant la sortie de Rabat, nous faisons halte au bord de la Casbah des Oudailla (XII° siècle) délimitée par une muraille de 5 km de long et qui comprend 5 portes d’accès. Nous allons la visiter. Aujourd’hui, c’est jour de fête : le mois Ramadan est terminé et tous les Musulmans revêtent leur plus beaux habits pour la prière du matin et les festivités de l’après midi (ces festivités ne sont pas publiques, du moins là où nous trouvons, elles se déroulent en famille). Les venelles de la Casbah sont animées, tout le monde sourit. Nous sommes interpellés par les « chasseurs de touristes » qui nous proposent visites, boissons et autres tatouages au Henné. Les filles se retrouvent rapidement avec quelques très belles fleurs dessinées sur la main. La demoiselle qui les maquille ne nous demande pas notre avis et d’autorité, empoigne Lola. Forte de son expérience récente, Lola nous interroge du regard. OK, c’est bon. En quelques dizaines de secondes, le dessin est réalisé. Il en sera de même pour Lulu. Mais attention, tout se paye, hein ! 5 euros par tatouage ! Nous en serons quitte pour 20 dirhams…
Nous « traboulons » dans la Casbah pendant 1 heure. De minuscules ruelles se croisent dans tous les sens. Les maisons sont toujours blanches, symbole de pureté, et bleues à leur base, en référence à la mer. On trouve des petites places où on peut se reposer. Il y a cependant peu de commerce. Dans cet enchevêtrement de ruelles, surprise ! Nous tombons nez à nez avec Yves Randaxhe et sa compagne, un couple d’amis d’Isa et Jean-Fleur, qui étaient chez nous, à Dolembreux, il y a un mois ! Quelle coïncidence ! Ils se rendent demain à Meknès, notre destination à venir, utilisant les transports en commun. Nous proposons de les véhiculer jusque là lundi. Ils verront… Echange de numéros de téléphone. Inch Allah !
Nous reprenons le camping cam et poursuivons notre route vers Casa. Après une vingtaine de km, nous nous arrêtons à Temara, sur la plage des contrebandiers, peu après Guy Plage !! Nous y passerons l’après midi : jeux, châteaux forts, baignades… et rencontres bien sûr ! Lulu, notre meilleure ambassadrice, s’est dégoté un jeune homme (22 ans s’il vous plait !) qui jouera avec elles pendant 1 heure au moins (pour les papys et mamys : sous l’œil attentif des parents et après nous avoir demandé si elles pouvaient !) Mohamed, qu’elles appellent Sam, allez savoir pourquoi, nous invitera à manger dans sa famille le lendemain. Si nous sommes toujours sur place, nous le contacterons en matinée.
Petit souper léger dans le camping cam, petit film en famille sur le PC, et gros dodo en bord de mer vers 9.30h.
Vers 23 heures, nous sommes réveillés par quelqu’un qui frappe à la porte… La Police, qui fait une ronde, s’interroge sur notre présence. Les policiers nous suggèrent de nous rendre dans un camping (qui n’a de camping que le nom) situé à coté du commissariat : il y a des brigands dans le coin ! Malgré l’envie de les envoyer promener, nous obtempérons. Ils sont très gentils, et nous ne voulons pas les contrarier. On roulera +/- 1 km, avant de se poser définitivement pour la nuit.
Depuis notre départ, nous avons été frappé par la très importante présence policière au Maroc. Ils sont partout, tout le temps ! Mais ils sont très gentils et très serviables. Nous évitons bien sûr les infractions, notamment les excès de vitesse (40 km/h en ville et les villes s’étendent sur je ne sais combien de km… Et il y a des centaines de flashes !) Nous n’avons en aucun cas l’impression d’une police répressive, mais bien au contraire, au service de la population et des visiteurs. On verra plus au sud…
Dimanche 14/10/07
9° jour au Maroc, 19 jours depuis le départ
Bivouac à Rabat (N34 00.967 W6 49.525, Alt 52m)
Km au compteur : 39046 ( 61 km effectués ce jour, 1941 km depuis le départ)
Un réveil calme, au soleil, sous une douce chaleur : il fait 25° et la brise légère est bien agréable. Nous venons d’avoir 2-3 jours de forte chaleur. A notre arrivée à Rabat, il faisait 36°. C’est une température exceptionnelle pour la saison, secondaire aux vents du sud-est. Dans la région, on observe souvent ça en fin de saison, peu avant l’arrivée de la pluie.
Nous quittons le camping / terrain-vague / jardin de la police en milieu de matinée et reprenons la route de Casa en bord de mer à la recherche d’une autre plage. Nous apercevons un endroit sympathique. On va retenter notre expérience « sable » avec le camping cam ! Hun hum… On s’engage sur la plage. 5 mètres, 10 mètres. Et pouf, bloqués! Mais cette fois, bien bloqués. Le sable est très fin et on est sur les ponts. Ca n’avance plus, ça ne recule plus et plus on essaye, plus on s’enfonce…
Quelqu’un nous aperçoit et se dirige vers nous. « Il faut creuser » nous dit-il. Et comment on fait pour prendre la pelle qu’on a accroché sous le châssis quand le châssis est ensablé, hein Mirou ? Quén biesse ! Ca paraît tellement évident quand je vous le dit. Mais avant , j’y avais jamais pensé !!! Alors, on creuse avec les mains. On met des cailloux et les cales de bois que nous avons emportées. Et on essaye une fois, deux fois, puis ça marche ! Nous n’avions fait que 10-15 mètres dans le sable, heureusement ! Et on n’a toujours pas dégonflé ! Ton avis JC ? J’attends ton mail !
Pour remercier notre inconnu, nous dégustons une délicieuse limonade bien fraîche fabriquée par nos soins hier soir, avec une recette que nous avions rapportée de Cuba. Grand merci à lui. Il nous quitte rapidement après nous avoir souhaité la bienvenue au Maroc…
Les filles et Jo passerons l’après midi sur la plage et je me reposerai dans le camping cam. En soirée, retour vers Rabat. Nous nous garerons en face de l’Ambassade de Mauritanie, dans une petite rue paisible. Le calme qui y règne contraste avec l’effervescence, l’agitation même, du centre ville : le Maroc rencontre aujourd’hui le Gabon au football et les aficionados sont nombreux.
Quelques courses dans un bazar du coin, souper léger et Lola nous lit une histoire avant d’aller dormir. Il est 21 heures et nous sommes bien fatigués.
Lundi 15/10/07
10° jour au Maroc, 20 jours depuis le départ
Bivouac à Moulay Idriss (N34 04.633 W5 32.743 Alt 427 m)
Km au compteur : 39223 ( 177 km effectués ce jour, 2118 km depuis le départ)
Dès le réveil, Lulu et moi partons à pieds poster les devoirs de Lola. Sur notre chemin, nous passons au « bancontact » local. Hormis le premier jour, nos cartes bancaires sont en général reconnues au Maroc, aussi bien en ce qui concerne la Visa que la classique Maestro. Les distributeurs délivrent au maximum 2000 dirhams, mais ce jour, je ne sais pour quelle raison, j’ai pu retirer 4000 dirhams. On devrait boucler le séjour marocain avec la somme en notre possession actuellement.
Achat de quelques fruits et de pain. Nous nous présentons alors à l’Ambassade de Mauritanie. La gentille secrétaire qui nous avait accueilli il y a 3 jours nous invite à patienter dans un beau salon aux murs et plafond décorés de tapis et de toiles (un peu comme chez Anne-Noël et Fred). Le Consul n’est pas encore arrivé. Ah, le voilà ! Mais il sort, ma parole ! Ah, il va déjeuner… Il sera là dans ½ heure… D’accord… Je lui emboîte néanmoins le pas et l’interpelle dans la rue. Très sympathique, il rebrousse chemin et m’invite dans son bureau. Je lui expose la situation : on nous a délivré un visa d’un mois du 12/10 au 11/11, hors nous ne quitterons le Maroc que dans 3 semaines et nous souhaitons passer au moins un mois dans son beau pays, alors… Alors, le gentil Consul dit à la gentille secrétaire de nous refaire un visa de 3 mois, avec entrées multiples, et sans surtaxe, s’il vous plait ! Merci Monsieur le Consul. Et bon appétit !
Sur ces entre faits, les leçons sont terminées et nous prenons la route de Meknès. En chemin, nous achèterons un morceau de gigot de mouton (1/2 kg pour 45 dh) que Jo nous préparera un peu plus loin (avec beaucoup d’ail, des patates rissolées et une salade de tomates à la feta… Hummm). Nous mangerons sur le sommet d’une colline, au pieds du Moyen Atlas. La vue est magnifique. Les paysages sont assez arides, mais il y a beaucoup de champs retournés : on imagine qu’ils sont cultivés… Partout des troupeaux de chèvres et moutons. Et toujours des gens au milieu de nulle part !
Nous reprenons la route pour arriver à Meknès en fin d’après midi. Nous ferons l’impasse sur cette belle ville impériale, pour prendre la direction de Moulay Idriss. Nous nous rendons sur le site de Volubilis, qui a conservé des ruines de l’époque romaine, dont un arc de triomphe élevé au III° siècle en l’honneur de Caracalla. Nous déambulerons dans les ruines durant une heure ½ , à la plus grande joie des enfants (et des adultes) qui émettaient cependant quelques réserves avant de pénétrer sur le site… (ça veut dire : « qui ont fait une scène parce qu’elles ne voulaient pas y aller » !!!)
Nous quittons le site à la tombée de la nuit et trouvons après quelques centaines de mètres, une charmante auberge (chez Hassan, « à l’ombre des oliviers ») ou nous mangerons : soupe, tagine de kefta et de poulet, fruits, eau, thé et, une fois les filles au lit, autres spécialités locales… Le tout dans un cadre magnifique, où nous sommes seuls, avec une musique douce… Le paradis sur terre pour 100 dirhams… Hassan propose aussi des chambres d’hôte à un prix intéressant. Nous dormirons devant chez lui (voir coordonnées GPS pour ceux qui passeraient par ici, ça vaut la peine !), avec Volubilis à nos pieds…
Mardi 16/10/07
11° jour au Maroc, 21 jours depuis le départ
Bivouac à Fes ( N34 01.983 W5 00.480 Alt. 417 m )
Km au compteur : 39326 ( 103 km effectués ce jour, 2221 km depuis le départ )
De notre bivouac, nous dominons Volubilis et la vue au réveil est splendide. La matinée se passe sur le parking de Hassan. Nous prenons le thé vers 11h30 et quittons la place, direction Fes. Nous passons par la ville de Moulay Idriss, ville sainte qui renferme le tombeau et la zaouïa du dynaste Idriss (VIII° siècle). Cette ville, la plus « religieuse » du Maroc, était encore il y a peu interdite aux non-Musulmans (du moins pour y dormir). Nous traversons la ville accrochée sur la colline par une rue fortement escarpée. Apparemment une ville comme les autres…
Nous ne nous arrêtons pas et, arrivés au sommet, nous décidons de poursuivre le chemin, à l’azimut sans plus suivre les - rares - panneaux indicateurs. Nous passons alors par des petits villages reculés dans la montagne, où nous sommes chaque fois accueillis par de grands sourires.
Les « routes » se succèdent pour aboutir finalement sur un axe plus important, en contre-bas duquel apparaît un lac d’un bleu magnifique encaissé dans un paysage quasi lunaire… Magique… Ce lac, qui nous semble bien plus grand que celui de Vailhan, ne figure pas sur la carte que nous possédons et le GPS ne le renseigne pas. Nous découvrirons un peu plus loin une centrale électrique et évoquerons la possibilité d’une retenue d’eau. Cette centrale date cependant d’une quinzaine d’années… Etonnant que ce ne soit pas repris sur la carte.
Nous quittons donc la route pour nous engager « hors piste » jusqu’aux rives du lac. On aperçoit quelques pêcheurs. Nous stoppons à proximité de l’eau et mangeons « les pieds dans la boue ». Les filles ont été voir un pêcheur et reviennent avec un puis deux poissons. Des petits. Ils vivent encore et se pose alors le dilemme : leur rend-t-on la liberté ou les cuit-on ? Lola hurle à la pensée de tuer les poissons. Lucile hurle à la pensée de ne pas les manger !!! Finalement, sous les pleurs de Lucile, les poissons sont remis dans l’eau (à moitié mort !) et il est décidé que la prochaine fois qu’on avait un poisson, on le tuait sans que Lola le voie et le mangeait aussi sec ! Lucile est finalement satisfaite…
Au bord du lac, on peut observer des milliers d’oiseaux noirs, gris et blancs. Certains ressemblent à des canards. D’autres à des hérons. On ferait bien d’avoir un petit bouquin d’ornithologie…
Nous quittons ce coin de paradis par les chemins détournés, toujours à l’azimut. Dans la terre, le 4x4 fait des merveilles. Autre chose que dans le sable… Nous retrouvons une route qui nous conduira jusque Fes. Une bonne douche sur le parking d’une station service, le plein d’eau et nous pénétrons dans la première capitale impériale en longeant ses remparts jusqu’à la grande médina. Dès l’arrêt, nous sommes assaillis par les « chasseurs de touristes », que nous repoussons gentiment. Il fait noir, nous avons faim et nous nous engageons, à pieds, dans le souk en quête de nourriture. Nous trouverons un petit resto entre deux boucheries et nous mangerons une tagine certainement moins bonne (et moins copieuse) que chez Hassan.
Retour au camping cam, recherche d’un cyber et mise au lit des filles. A mon retour du cyber café, Jo dort. Je reprends le volant pour trouver, un peu à l’écart de la ville, un endroit calme. Je tournerai pendant une heure, passant par des artères illuminées et fleuries très chics et très jolies, bordées d’hôtels selects, de fontaines majestueuses et de riches propriétés. Le Maroc ne nous avait pas encore habitué à un tel faste. Fameux contraste… Parce que, quand on prend la première à gauche, il n’y a pas que l’éclairage public qui disparaît…
Nous bivouaquerons dans la deuxième à gauche.
Mercredi 17/10/07
12° jour au Maroc, 22 jours depuis le départ
Bivouac à Ifrane ( N33 31.769 W5 06.580 Alt 1651 m )
Km au compteur : 39418 ( 92 km effectués ce jour, 2313 km depuis le départ )
Après le déjeuner, nous nous rendons au Marjane situé à 5 km de la ville. Nous allons refaire des « grandes courses ». Ces commerces sont vraiment bien achalandés, et on en profite… Les cours de Lola et de Lucile, qui a débuté depuis 2-3 jours un enseignement « de base », se donneront sur le parking, pendant que je m’occuperai du trajet pour les jours à venir et de la maintenance du site. La matinée s’écoule et nous dînons avant de prendre la route.
Nous repassons par Fès en début d’après-midi. Cette magnifique cité, capitale artistique et intellectuelle actuelle, vaut par ses remparts et surtout par sa grande médina, Fès el-Bali, qui renferme la zaouïa (établissement religieux) de son fondateur Moulay Idriss, des écoles coraniques (medersas Bou-Inania et el-Attarine) et la mosquée Qarawiyyin, qui peut accueillir 20 000 fidèles, mais qui est interdite aux non-musulmans. Dans la médina, dans laquelle nous déambulerons à nouveau, on croise aussi les célèbres couleurs des bassins du quartier des tanneurs et les senteurs du souk au Henné. Après une heure de promenade dans la médina, nous reprenons la route en direction du sud.
Commence alors une longue ascension dans le Moyen Atlas. Au départ de Fès, la route serpente peu, et c’est très surpris que nous atteignons, sans nous en rendre compte, une altitude de 1000 mètres. Par la suite, la route devient beaucoup plus sinueuse et escarpée : une vraie route de montagne. La nuit s’installe et la jauge de carburant flirte avec le 0. Notre vitesse est de +/- 15 km/h ! Heureusement nous atteignons la ville d’Imouzzèr-Kandar où nous pourrons faire le plein de carburant. Nous en profiterons pour souper. Nous cherchons un endroit pour bivouaquer mais les indigènes nous suggèrent de nous rendre jusqu’à Ifrane, ce que nous ferons…
A l’entrée d’Ifrane, contrôle de police. Nous en profitons pour nous renseigner : nous trouverons un emplacement pour bivouaquer sur le parking de l’hôtel « Le Chamonix ». La route pour accéder à Ifrane n’avait rien d’une autoroute, ni même d’une nationale : nous avons l’impression d’être au milieu de nulle part. Pourtant, en pénétrant dans la ville, nous passons devant l’université, contournons le palais royal et ses immenses jardins, prenons la direction de l’aéroport et arrivons enfin sur la « Grand Place » où nous sommes accueillis par notre premier marocain saoul !!! Tout ça au beau milieu du bled !!! Nous n’irons pas jusqu’au « Chamonix » et trouverons une placette sympathique ou nous passerons la nuit.
Jeudi 18/10/07
13° jour au Maroc, 23 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Midelt, sur la piste de Jaffar ( N32 38.703 W4 46.334 Alt 1578 m)
Km au compteur : 38562 ( 144 km effectués ce jour, 2457 km depuis le départ )
La nuit est perturbée par les hurlements des chiens et les cris des chats. Il y a manifestement de la bagarre… Nous le constaterons au réveil : à proximité du camping cam, les restes d’un chat à moitié bouffé par un chien sous les yeux de notre « gardien », qui nous explique qu’un chien sauvage est « descendu en ville » pour manger et qu’il est tombé sur la chat qui fouillait aussi les détritus.
Cette anecdote évoque plusieurs réalités du Maroc :
A la lumière du jour, cette impression que nous avions hier soir se confirme : nous ne sommes plus au Maroc que nous connaissions ! On se croirait en Autriche ! L’architecture est totalement différente, les toits des maisons à étages sont pointus et hauts. Les routes sont bordées de piquets d’enneigement Les gens sont habillés de gros manteaux, d’écharpes et de bonnets. Il y a 15°. Ca nous change des 36° du Rif…
Nous prenons la route d’Azrou, située à 17 km au sud d’Ifrane. Que les paysages sont beaux… Quelques km avant Azrou, nous tournons à gauche pour nous engager dans la forêt de cèdres. Après quelques minutes d’ascension, nous tombons sur le Cèdre Gouraud, un très vieux cèdre immense, mort il y a quelques années déjà, qui ressemble à un énorme porte-manteaux. Quelques cabanes à souvenirs ont été dressées à son pied. Le lieu est assez touristique et on y vend pierres, objets en bois (de cèdre !) et … cacahouètes ! Pour distribuer aux singes… Quelques macaques accourent vers nous, pour la plus grande joie des filles. Ils sont assez familiers, mais il ne faut néanmoins pas les caresser. Lola se fera d’ailleurs mordre la cuisse par un jeune macaque (pas d’inquiétude, une morsure tout à fait superficielle, qui ressemble plutôt à une pincette, qui ne lui fera pas mal et qui ne laissera qu’un petit bleu (pour les grands parents inquiets!)) Nous quittons l’endroit et poursuivons le chemin par la piste à travers la forêt, plutôt que faire demi-tour. On s’arrangera plus tard pour rejoindre notre route.
Nous ferons halte pour dîner dans une clairière au beau milieu de la forêt. L’endroit est, une fois de plus, paradisiaque. Nous allumons un feu et y cuisons du poisson et des patates. Tout ça avec une bonne Stella bien fraîche (c’est vrai que le Marjane, c’est tout de même pas mal…). Visite de quelques vendeurs de souvenirs et d’un berger avec son troupeau de moutons et ses chiens. Visite aussi des macaques. Ils sont cependant moins familiers qu’aux abords du Cèdre Gouraud. Avec les filles, je m’approche d’un macaque plus hardis que les autres. Il doit mesurer 50-60 cm et peser 10 à 15 kgs. Plus ou moins. (En fait, on n’en sait rien !) Nous avons pris un paquet de chips (du Marjane) et, accroupis devant lui, lui tendons un chips à la fois. Très paisible, il les prend délicatement dans nos mains. Les filles se penchent et je quitte le singe des yeux, me tournant vers elles pour leur dire d’être prudentes, qu’il pourrait leur tirer les cheveux et leur faire mal. Ce coquin n’attendait que ce moment d’inattention de ma part. Il m’arrache le sachet des mains et grimpe à toute vitesse dans le cèdre le plus proche. Il s’arrête à 3 mètres de haut, s’assied gentiment, nous regarde (en nous narguant, je crois), et boulotte tout le paquet ! Pleurs de Lulu, qui ne pense décidément qu’à son ventre, et engueulade de Lola qui me reproche de ne pas savoir tenir un paquet de chips. Rires de Jo (et de moi…).
Après 2-3 heures, nous reprenons la piste, rejoignons la route et nous dirigeons vers Midelt. Une fois de plus le paysage est magnifique. Et tellement varié. Après un col verdoyant, une descente aride, désertique. La terre est brune, jaune ocre, puis soudain rouge. Après une longue ascension (nous atteignons une altitude de 2573 m), descente sur Midelt. Il a beaucoup plu récemment. Nous arrivons en ville une fois de plus après le coucher du soleil. Nous prenons la direction du cirque de Jaffar. Après quelques km de piste, nous nous arrêtons dans le camping de l’ « Auberge de Jaffar », ou nous passerons la nuit.
Vendredi 19/10/07
14° jour au Maroc, 24 jours depuis le départ
Bivouac à proximité d’Ifri ( N32 11.068 W4 21.979 Alt 1237 m )
Km au compteur : 39667 ( 105 km effectués ce jour, 2562 km depuis le départ )
La nuit au camping de Jaffar est très calme. Il n’est fréquenté que par un couple de motards hollandais voyageant en side-car et par nous. Nous y passerons la matinée. Les cours de Lola et ses devoirs sont laborieux…
Nous dévorons (surtout Lola) des artichauts à midi, et réalisons (surtout Joëlle) un grand nettoyage du camping cam. Nous reprenons la route vers 16 heures et roulons jusqu’à la tombée de la nuit, vers 18 heures. Les paysages sont toujours aussi grandioses.
Peu avant Ifri, nous entendons un claquement sec. Nous pensons qu’un caillou s’est décroché du pneu et a heurté la carrosserie. Nous nous arrêtons pour bivouaquer dans un petit village qui n’est connu que par la présence de thermes d’eau chaude à 53° et nous constatons qu’une fenêtre de la cellule est brisée. Vu la localisation de l’impact, il nous semble qu’il s’agit d’une « agression » … Lola a d’ailleurs repéré une bande de jeunes qui nous tirait la langue !!! Réparation au ruban adhésif, « comme si de rien n’était ».
Au menu du souper : spaghettis bolognaise pour Lo et Mirou, jambon/fromage pour Lu et Jo. Le luxe… Séance cinéma en famille (un épisode de Star Wars, mon film culte, qui passionne maintenant les filles…) avant d’aller dormir.
Samedi 20/10/07
15° jour au Maroc, 25 jours depuis le départ
Bivouac à Erfoud ( N31 25.766 W4 13.910 Alt 819 m )
Km au compteur : 39793 ( 126 km effectués ce jour, 2688 km depuis le départ )
Au réveil, les filles quittent le camping cam et se rendent, quelques centaines de mètres plus loin, dans l’oued à moitié asséché. Pendant 2 heures, elles joueront dans la boue. A leur retour au véhicule, elles ressemblent à des statues de terre. Un nettoyage dans l’eau chaude de la source renseignée par un autochtone sera nécessaire !
Départ vers Erfoud, en passant par le « tunnel des légionnaires », creusé dans la montagne. Peu après, nous arrivons au lac Hassan Addakhil, au bord duquel nous décidons de dîner. Le lac est entouré de montagnes arides et ses couleurs varient en fonction de la luminosité ambiante, suivant les passages nuageux. L’eau est un peu fraîche, mais on en profite pour se laver et se baigner un peu (sauf Joëlle, bien sûr, qui n’aime pas l’eau froide… Mais cela ne servait à rien de le dire, du moins à ceux qui ont descendu la Vézère en canoë avec nous ! Elle fera tout de même une petite lessive les pieds dans l’eau…) Nous sommes toujours à une altitude de 1000 m.
Nous reprenons la route vers Erfoud, où nous bivouaquerons dans un camping de la ville. Nous y rencontrerons un couple de français avec qui nous avions déjà sympathisé au camping de Chefchaouen. Petite balade dans la ville, en soirée, resto local et tentative, infructueuse, de connexion Internet dans un cyber « open air ». On retentera la mise à jour du site un peu plus loin…
Dimanche 21/10/07
16° jour au Maroc, 26 jours depuis le départ
Bivouac à Tamtattouchte ( N31 40.854 W5 32.042 Alt 1830 m )
Km au compteur : 39986 ( 193 km effectués ce jour, 2881 km depuis le départ )
Les filles n’ayant pas cours le week end, le départ peut être moins tardif. Nous souhaitons effectuer une « grande » étape de liaison. Nous prenons, en matinée, la direction de Marrakech, nous fixant Ouarzazate comme objectif du jour : 320 km prévus.
Une nouvelles fois, le trajet est marqué par des contrastes époustouflants : en quelques km, le paysage naturel varie du tout au tout. Les montagnes ont peu à peu laissé la place à de grandes étendues ensablées où on peut observer des troupeaux de dromadaires s’abreuvant aux puits : nous sommes aux portes du Sahara. Chose surprenante et répétitive : on s’arrête au beau milieu d’une étendue désertique et surgit alors un vendeur/troqueur de minéraux, venu d’on ne sait où… Etonnant… La route remonte quelques peu vers le nord et nous regagnons les montagnes du Haut Atlas.
Nous sommes maintenant « habitués » à ces paysages contrastés. Par contre, nous sommes frappés ce jour par les changements dans l’architecture et les habitudes vestimentaires. Les maisons « traditionnelles » sont construites en terre et en paille mélangées et, lorsqu’elles sont isolées, se confondent parfois avec le relief naturel. On trouve aussi beaucoup de casbah qui rassemblent plusieurs familles (parfois 100-150) dans une enceinte avec une seule porte d’accès (à la différence des casbah arabes, comme celle des Oudaillas à Rabat qui en comporte 5) : ces casbah peuvent être de « mini villes » dans la ville ou être isolées.
Les habitudes vestimentaires sont également très contrastées. De village en village, les costumes sont tout à fait différents. Tantôt les femmes sont enveloppées de longs manteaux noirs et de foulards qui ne laissent apparaître que leurs yeux, tantôt, elles sont couvertes de draps multicolores entourés de dentelles. Ces beaux vêtements sont portés tous les jours et il est très surprenant de voir une femme habillée de dentelles avec une pioche sur l’épaule !
Roulant plein ouest, nous arrivons à Tinerhir et décidons de bifurquer au nord pour remonter les gorges du Todra. Au sommet, nous prendrons une piste à l’ouest pour rejoindre les gorges du Dadès, que nous descendrons vers le sud pour retrouver la route de Ouarzazate. (C’est clair ?) Tout ça a l’air facile… sur la carte ! Mais en réalité…
La « route » goudronnée qui remonte les gorges encaissées du Todra est tout à fait praticable pendant 25 km. Par la suite, elle est complètement défoncée à cause des pluies torrentielles il y a un an. Quand je dis « défoncée », le mot est faible : par endroits, il y a des trous de pratiquement 1,5 mètres et le bord de la route, coté oued, est rongé par en dessous, ne laissant pour « route », qu’une fine croûte de goudron qui pend au dessus du vide ! Evidement, à dos d’âne, il n’y a pas grand chose à craindre. Mais avec nos 10 tonnes… En plus - et ça a quelque chose de rassurant malgré tout - il faut que tout au long de ces 10 km parcourus en 2 heures, on croise 2 camions ! Ils sont remplis de pierres, ça c’est rassurant. Mais ils sont aussi gros que nous et ça, c’est pas rassurant ! Joëlle et les filles sont stressées. Moi, ça va. Tout se passe finalement bien. Et les paysages sont grandioses !
On arrive au village reculé de Tamtattouchte et nous décidons, après avoir pris pas mal de renseignements auprès des gens du cru, d’emprunter la piste de liaison pour les gorges du Dadès. Nous dormirons dans une auberge située 4 km plus loin, dans la montagne. Après quelques kilomètres, je craque à mon tour : trop dur, on verra demain ! Retour vers Tamtattouchte. Nous croisons alors dans la montagne un marocain qui se rend à l’auberge en question. On y célèbre un mariage berbère et il nous propose de l’accompagner. Nous le chargeons. La nuit tombe, mais il connaît les pistes par cœur. Nous avions fait fausse route lors de notre première tentative !
Peu avant d’arriver à l’auberge, nous croisons dans la nuit noire 3 motards qui ont fait la piste en sens inverse. Ils sont belges et participent à un raid avec MOTO 80. Un de leur copain vient de se casser le bras un peu plus haut sur la piste. Il attend avec d’autres (ils sont en tout 8) un 4x4 d’assistance qui les suit avec un médecin à bord. Le 4x4 a vraiment eu de grosses difficultés à franchir certains obstacles sur la piste - en raison des pluies importantes récentes -et a beaucoup de retard sur les motos. Nos 3 belges pensent tous que le camion ne passera pas. Voilà qui clôt pour de bon le sujet : nous faisons une fois de plus demi-tour, laissant notre « guide » poursuivre sa route à pieds (avec un autre arrivé d’on ne sait où…) . Nous dormirons à Tamtattouchte, et envisagerons la suite du parcours demain. Les motards nous fixent rendez-vous dans 2 jours à Ouarzazate : ça nous fera du bien à tous de boire une bonne bière au bar de leur hôtel !
Lundi 22/10/07
17° jour au Maroc, 27 jours depuis le départ
Bivouac à Boumalne Dadès ( N31 21.520 W6 00.077 Alt 1544 m )
Km au compteur : 40114 ( 128 km effectués ce jour, 3009 km depuis le départ )
La nuit dans la montagne n’a été perturbée que par les hurlements des chiens qui se battent (maintenant, on a l’habitude) et par la chute - sans gravité – de Lulu de son lit : elle finira la nuit dans le nôtre, à la place de Jo.
Les cours ont repris ce matin. Ca se passe bien pour les 3 femmes… Nous quittons Tamtattouchte et décidons, après avoir pris quelques avis auprès des gens du coin, d’emprunter une autre piste qui nous permettra aussi de rejoindre les gorges du Dadès. Il faudra cependant faire 130 km (6.5 heures, apparemment) au lieu de 44… Bon, on a le temps. Après 15 – 20 km, nous croisons deux 4x4. Il n’est vraisemblablement pas possible de redescendre vers les gorges, mais il sera possible de poursuivre vers le nord, pour rallier Beni-Mellal. Cela nous éloigne pas mal de notre route (rendez-vous avec les motards belges à Ouarzazate demain et à Marrakech dans 2-3 jours, invités par une famille française expatriée qui est tombée sur notre site il y a quelques semaines) d’une part, et risque de manque de carburant d’autre part… Alors, une fois de plus… Demi-tour !
Les avis des autochtones sont loin d’être fiables…Mais il faut dire qu’ils passent partout avec des véhicules à priori non adaptés et chargés à stock – débordant même – de choses et de personnes !!! Impressionnant !
Nous redescendons alors les gorges du Todra et prenons la route, moins agréable, de Ouarzazate. Nous ferons halte à Boumalne Dadès et nous bivouaquerons sur le parking d’une pompe Total. Les filles sont épuisées et s’endorment à 21 heures. Je rédige ce CR que je vais essayer de mettre en ligne dans le cyber café voisin, où il y a l’ADSL qui fonctionne à la vitesse d’un modem 56K d’il y a 20 ans (j’ai essayé de lire nos messages avant de souper : en 1 heure, j’ai téléchargé 6 messages sur 26 !!! Mais je n’ai payé que 3 dirhams... )
A bientôt…
Mardi 23/10/07
18° jour au Maroc, 28 jours depuis le départ
Bivouac à Tabourathe ( N30 58.468 W7 05.842 Alt 1222 m )
Km au compteur : 40295 ( 181 km effectués ce jour, 3190 km depuis le départ )
A la fraîche, je sors du camping cam pour un petit jogging. Je sors de Boumalne et quitte la route pour grimper sur une petite colline. Au sommet, je découvre un immense plateau ( un peu comme les Causses du sud de la France ) désertique qui s’étend jusqu’aux montagnes lointaines. Rien que du sable et des pierres à perte de vue… Je poursuis ma route sur le « plat » et après ½ heure, alors que le village me paraît bien éloigné, je distingue un mouvement dans une anfractuosité, 200 mètres devant moi. Je m’approche… 2 bébés dromadaires sont là, maladroits sur leurs frêles pattes, à coté d’une grande flaque d’eau. J’aperçois alors 2 dromadaires adultes. Un des deux – la mère ? – m’a repéré et, très majestueusement, vient s’interposer entre les jeunes et moi en grognant. Je suis à 50-60 mètres d’eux. Aucun ne porte d’entrave et il n’y a personne « à des km à la ronde » (ce qui est rare ici !) J’en déduis qu’il s’agit de dromadaires sauvages… On me confirmera plus tard qu’il y en a effectivement dans le coin. Quel beau spectacle, la découverte de cette « famille » dans une étendue désertique. Je suis rester ¼ d’heure à les observer à distance, avant de rebrousser chemin et de retourner au camping cam. Les devoirs ont débuté pour les filles, et il faut que je travaille un peu aussi…
Vers midi, nous prenons la route des gorges du Dadès, vers le nord. Nous avons repéré sur la carte une piste qui quitte cette route vers l’ouest pour parcourir la « vallée des roses ». Nous allons la prendre et rejoindrons plus loin la route de Ouarzazate où nous avons rendez-vous avec nos motards belges. Nous nous engageons sur la piste qui croise sans cesse l’oued asséché. Les conditions de conduite sont très difficiles. Mais on s’amuse bien. Et les paysages sont extraordinaires : succession de vallons et de collines aux courbes très douces et aux couleurs variées (vert, jaune, brun, rouge,…). Après 2 heures de piste où nous croiserons quelques locaux à pieds qui nous confirment que nous sommes sur le bon chemin, nous nous retrouvons nez à nez avec un 4x4 piloté par un guide qui a conduit deux randonneurs au bout de cette piste en cul de sac… En cul de sac ? Comment, ça ? Et, oui… On s’est encore gouré ! Et depuis le début, encore ! On a pris la mauvaise piste depuis le départ ! Et le gps qui ne rouspète pas… Et les locaux qui nous disent que c’est le bon chemin… Le guide, qui n’en revient pas que nous ayons pu passer par cette piste avec le camion (le début est très difficile, dans une gorge rocheuse étroite), nous montre sur la carte où nous nous trouvons : au milieu de nulle part ! La piste n’est pas représentée et ne mène qu’à un minuscule village très reculé. Alors, une fois de plus, demi-tour ! On a l’habitude… Et on comprend mieux pourquoi on est toujours pas plus loin dans notre périple… Ceci dit, on ne regrette pas notre escapade : nous sommes heureux d’avoir découvert ce bel endroit.
Nous retournons à Boumalne et reprenons la route de Ouarzazate. Nous avons 110 km à parcourir, il est 18 heures (donc il commence à faire noir…), on n’a pas encore mangé aujourd’hui et on a un rendez-vous à honorer… On s’arrête à un « resto » un peu plus loin. On passe commande : brochette, salade, frites pour les filles et Jo, tagine galia pour moi. Un thé pour patienter… ¾ d’heure plus tard (on crève la dalle et on pense à nos belges qui nous attendent…), on nous amène le plat : une grande tagine galia pour 4, et rien d’autre… Oh non, il y a erreur ! « Pas de problème » dit notre hôte. On recommande 1 seule « brochettes/salade/frites » et on attend… ¾ d’heure de plus (enfin, moi je mange la moitié de la tagine, parce que les filles et leur mère font la fine bouche…). On nous amène alors les brochettes. Mais non… Il y a encore erreur. On a apporté 3 portions ! « Pas de problème ». On mangera pour 7 et on payera pour 3. Avec un pourboire tout de même, parce qu’ils sont vraiment gentils ces gens qui disent tout le temps qu’ils comprennent alors qu’ils ne comprennent rien. (Il doit certainement s’agir d’une forme de politesse : ne pas comprendre ce que dit l’invité pourrait peut-être paraître désobligeant ? ) Ceci dit, nous avons mangé à notre faim, alors que d’habitude, les rations sont petites et que ça a un petit goût de trop peu…
Nous reprenons la route (de nuit…) et arrivons vers 22 heures à Ouarzazate. Les filles dorment dans leur lit. Les motards logent dans un hôtel « archi-chic » avec orchestre, piscine, et tout et tout. Ils sont fatigués et vont dormir peu après notre arrivée. Ils prennent l’avion à 04 h 00. Le blessé se porte plutôt bien, paraît-il, malgré sa triple fracture du bras. Pas de bière et pas de fête pour nous ce soir…
En quittant l’hôtel, le portier nous propose de passer dans son camping ( !) 20 km plus loin, sur la route de Marrakech. Pourquoi pas… Son frère ( !) y est maintenant et pourra nous accueillir. Pour 20 dh, prix d’ami. Nous sommes effectivement très bien accueilli par Mohamed peu avant minuit et prenons place dans un grand camping presque vide tout confort. La nuit sera certainement bonne.
Mercredi 24/10/07
19° jour au Maroc, 29 jours depuis le départ
Bivouac à Marrakech ( N31 38.883 W8 03.804 Alt 448 m )
Km au compteur : 40480 ( 185 km effectués ce jour, 3375 km depuis le départ )
La nuit fut effectivement très bonne. Nous nous sentions bien dans ce camping, et nous en sommes partis plus tard que prévu. L’accueil de Mohamed et sa gentillesse y sont certainement pour quelque chose… Nous n’y avons pas mangé, ce qui est bien dommage car il paraît, au vu des commentaires du livre d’or, qu’il cuisine à merveille. Une prochaine fois, peut-être… Inch Allah.
Nous prenons donc la route en milieu d’après-midi, après avoir téléphoné à Charlotte et Mathieu, un couple de français expatriés à Marrakech, qui nous avait contacté par internet il y a quelques mois : ils avaient consulté notre site, et nous avaient proposé de passer chez eux. Ils sont disponibles ce jour et peuvent nous accueillir.
Les paysages sont une nouvelle fois tout à fait différents. La route que nous avons parcouru les jours précédents, qui mène d’est en ouest de Erfoud à Ouarzazate, longe le versant sud du Haut Atlas. On trouve le long de cette grande vallée, nombre de palmeraies et d’oasis. Arrivés à Ouarzazate, nous butons sur les contreforts de l’Anti Atlas, et la route bifurque alors vers le nord, pour traverser une nouvelle fois le Haut Atlas (on comprend mieux quand on a une carte sous les yeux…). Et là, une nouvelle fois, c’est la montagne ! Finis les oasis, les palmeraies et les paysages plats désertiques… Les routes sont étroites, fortement pentues et serpentent jusqu’à 2221 mètres d’altitude, pour redescendre sur Marrakech, situé à 448 mètres du niveau de la mer. Le dénivelé est important et le camping cam souffre dans les côtes comme dans les descentes. Mais tout se passe bien, si ce n’est que nous arrivons beaucoup plus tard que prévu chez nos hôtes…
L’accueil est chaleureux. Charlotte, Mathieu et leurs 3 enfants, Abel (4 ans), Alixe (2 ans) et Jules (6 mois), sont originaires de Paris et vivent depuis un peu plus d’un an à Marrakech. Mathieu est chef d’un chantier pour Bouygues. Ils doivent encore rester quelques mois sur place mais ont le projet, à terme, de faire un grand voyage. Ils nous proposent de souper, prendre une douche et dormir dans leur grande maison. Tout le monde est bien fatigué, nos hôtes comme nous, et la soirée ne sera pas très longue. Lo dormira avec Alixe, Lu avec Abel, et Jo avec moi… seuls dans une chambre 4 fois plus grande que notre maison roulante…
Jeudi 25/10/07
20° jour au Maroc, 30 jours depuis le départ
Bivouac à Marrakech ( N31 38.883 W8 03.804 Alt 448 m )
Km au compteur : 40480 ( 0 km effectué ce jour, 3375 km depuis le départ )
La nuit fût bonne pour tous, sauf pour Lola, qui a fait un cauchemar avec des chiens sauvages méchants qui dévoraient tout (elle a été très marquée par l’histoire d’Ifrane) : elle nous a rejoint dans notre grande chambre et a dormi à coté de nous… Cours en matinée pour les filles et mise en ligne, grâce à une connexion ADSL fiable, d’un volumineux diaporama sur nos premières semaines de voyage au Maroc pour moi : près de 200 photos… sur plus de 1500 faites à ce jour ! Pas sûr que les diaporamas suivants soient aussi volumineux (heureusement, Martine sera là pour nous aider. Hein, Martine ?)
Mathieu est au boulot et les 2 grands enfants à l’école. Jules la dernière rawette si sympathique reste à la maison avec la nounou, alors que nous partons tous les quatre dîner avec Charlotte. Elle nous emmène sur la place Jamaa El Fna, animée par la présence de nombreux saltimbanques : musiciens, charmeurs de serpents, dresseurs de singes, vendeurs de souvenirs,… C’est très touristique, évidemment, mais c’est sympa.
Nous passerons l’après midi à la maison, à nous reposer. Nous sommes toujours fatigués, malgré de longues nuits et un rythme de vie plutôt « cool ». Etonnant…
Charlotte et Mathieu, décidément aux petits soins, nous proposent de garder les enfants ce soir, ce qui nous permettra de passer quelques heures en amoureux. C’est une aubaine ! Malgré notre fatigue ( !), nous reprenons en soirée la direction de la place Jamaa El Fna. Mathieu nous conduit en voiture et nous propose une petite visite de son chantier. Il est responsable chez Bouygues Construction, du gros œuvre d’un projet commandité par Mohamed VI : construction d’un « hôtel archi-chic », de style berbère mais avec le « savoir-faire » français (et américain !…) : les plans, les matériaux utilisés, et la réalisation sont beaucoup plus scrupuleux. La visite est intéressante et le chantier, impressionnant.
Nous quittons alors notre ami et nous dirigeons à pieds vers la place si connue de Marrakech. En soirée, elle semble tout à fait différente. Elle est toujours très animée, bondée, et on y retrouve saltimbanques et petits commerces ambulants. Mais cette fois, des dizaines d’échoppes ont été dressées en son milieu, où l’on propose à manger et à boire (pas d’alcool, bien sûr…) C’est très comique, on trouve la même chose aux même prix dans chaque échoppe ! Après avoir déambulés durant une demi heure, émoustillés par les fumets qui se dégagent des brasiers nombreux, nous prenons place sous la tente 93. On y mangera très bien, pour une somme très modique. Ensuite, un jus d’orange à la tente 23, quelques cacahouètes grillées à la 41 et nous décidons de rentrer. Nous passons par la médina, empruntant un chemin différent de celui qui nous avait mené à la place. Nous marcherons pendant une heure avant de trouver la sortie !!! C’est fou ! Dans les minuscules ruelles, peu de monde à cette heure (mais quelle heure ?) Beaucoup de chats. Très très beaucoup, on l’a déjà dit ! Et comme à chaque fois dans ce pays, lorsqu’on interroge les locaux, on est toujours sur le bon chemin… Ceci dit, on s’est bien amusé et nous avons savouré ce moment d’intimité, seuls sur la place, au milieu de milliers d’autres. Merci Charlotte et Mathieu.
Vendredi 26/10/07
21° jour au Maroc, 31 jours depuis le départ
Bivouac à Cherkaoua ( N31 23.259 W8 48.461 Alt. 544 m )
Km au compteur : 40605 ( 125 km effectués ce jour, 3500 km depuis le départ )
Une matinée calme une nouvelle fois, au cours de laquelle il ne s ‘est pas passé grand chose. Enfin, pas grand chose, ça veut tout de même dire : déjeuner, faire la lessive, donner les cours aux filles, se laver, refaire ses bagages et ranger le camping cam pour partir en début d’après midi. La routine, quoi !
Mathieu est rentré du boulot ce midi, après une matinée harassante, et Charlotte a été rechercher les enfants à l’école pour que nous puissions manger tous ensemble. Nounou nous a préparé une délicieuse tagine de poulet : un régal. Nous quittons nos nouveaux amis en milieu d’après-midi. Une nouvelle fois, un grand grand merci pour votre accueil. Nous espérons vous revoir, ici, en Belgique ou quelque part autour du monde. Que vos rêves se réalisent…
Un arrêt (long) au dernier Marjane du pays, la poste centrale pour l’envoi des devoirs de Lola et nous empruntons la route d’Agadir. La nuit ne tardera pas et nous nous arrêterons sur un parking où stationnent plusieurs poids lourds pour y passer la nuit. Nous essayerons d’effectuer deux grandes étapes ces samedi et dimanche.
Samedi 27/10/07
22° jour au Maroc, 32 jours depuis le départ
Bivouac à Mirleft ( N29 34.815 W10 02.625 Alt. 46 m )
Km au compteur : 40907 (302 km effectués ce jour, 3802 km depuis le départ )
Nous sommes réveillés vers 7 heures par notre « gardien » qui frappe à la porte. Il va dormir et réclame son dû ! Ce réveil inattendu nous contrarie un peu, ce que je lui explique : non seulement on ne lui a rien demandé, mais en plus, il nous réveille pour de l’argent ! Et le tarif de ses prestations nocturnes est proche de celui d’une nuitée au camping 5 étoiles du coin ! Mais bon, c’est le jeu. Alors on parle, on négocie, on marchande, on refuse le troc et le don d’une paire de sandales ou de nos vélos. 5 dirhams sera mon dernier prix. Finalement, tout le monde est content.
Réveillés pour réveillés, nous prenons la route, pour une fois, assez tôt. Les kilomètres s’enfilent. Il y a plus de tensions entre nous ce matin. La fatigue, peut-être… Le manque de nos proches, de nos amis, est plus marqué. Alors nous chantons. Des chansons du carnaval ! Et puis on envoie un SMS à Françoise et Jérôme, qui nous répondent aussitôt. Et ça nous fait du bien. Un peu plus tard, Manu nous téléphone. Ce soir, une belle brochette d’amis se retrouve chez Linda pour fêter l’anniversaire de Laurence. Nous téléphonerons tout à l’heure, en soirée, pour lui adresser nos vœux et pour entendre tout le monde. Cette pensée nous réjouit ! Vivement ce soir.
Nous faisons halte en début d’après midi au bord de l’océan que nous venons de rejoindre. Je cours dans l’eau avec les filles et entre nos jambes passe… un bébé requin ! Il s’agit en fait d’un loup suicidaire qui ne pense qu’à aller s’échouer sur la plage, nous expliquera plus tard un pêcheur du coin. Lucile l’attrape par la queue et veut aller le faire cuire tout de suite !!! Je lui explique qu’il vaut mieux ne pas le manger, car il est peut-être malade pour agir de la sorte. Si j’avais su qu’il s’agissait d’un problème d’ordre psychopathologique, je n’aurais bien sûr pas hésiter à satisfaire, enfin, les désirs voraces de ma puis-née… Mais bon, dans le doute… Tout de même, un poisson de 40 cm, c’est con !
Nous causerons alors pendant une heure au moins avec le pêcheur précité, qui nous offrira le thé (délicieux, avec de la menthe et des roses…) Nous croisons alors une famille allemande que nous avions rencontrée sur le ferry. Nous les avions déjà revu une fois il y a quelques jours, dans les gorges du Todra. Quelle coïncidence… Nous échangeons quelques nouvelles et reprenons la route du sud en fin d’après midi, le long des côtes. Le soleil se couche. On va encore rouler de nuit… Nous nous arrêtons dans un champs pour souper, mettons les filles au lit (elles s’endorment immédiatement) et reprenons la route pour quelques kilomètres supplémentaires.
Nous arrivons à Mirleft et trouvons un endroit sympathique pour bivouaquer. La police nous interpelle dès l’arrêt du véhicule. Nous venons de stopper en face de leur caserne. Il n’est pas souhaitable que nous dormions en rue. Pour notre sécurité et patati et patata… Ils sont charmants et nous suivons leurs conseils pour ne pas les contrarier : nous nous rendons dans le camping proche, tenu par un français. Et qui y rencontre t-on ? Nos amis allemands !
Nous boirons quelques bières avec eux après avoir téléphoné à nos amis… L’ambiance chez Linda avait l’air… festive ! Nous avons été heureux d’entendre tout ce petit monde qui nous manque !
Dimanche 28/10/07
23° jour au Maroc, 33 jours depuis le départ
Bivouac à Mirleft ( N29 34.815 W10 02.625 Alt. 46 m )
Km au compteur : 40907 (0 km effectués ce jour, 3802 km depuis le départ )
Une nuit un peu difficile. La bière marocaine, la Spéciale Flag, ne se digère pas comme notre bonne vieille Jupiler ! Le camping est très chouette, petit et « familial ». En plus des allemands, nous y rencontrons 4 jeunes : 3 autrichiens, en vacance pour quelques semaines, et un irlandais, un vrai baroudeur celui-là, qui voyage autour du monde depuis… 7 ans. Nous décidons de rester un peu ici, on s’y sent bien.
La mer est à 300 mètres et je m’y rends seul en début de matinée. Pour rejoindre la plage de sable située dans une petite crique, il faut descendre la falaise. L’endroit est charmant. J’y croise pêcheurs, récolteurs de moules et promeneurs. Et bien sûr, des ânes ! Peu après mon retour, les filles s’y rendent avec Joëlle et nos copains allemands. Je reste au camping.
Les allemands voyagent avec deux véhicules. Le père, avec qui j’ai sympathisé, travaille à la police anti-drogue : il dresse les chiens ! Il est accompagné de sa femme et de ses filles. Une est mariée et a 3 enfants, des jumeaux de 2 ans et Charlotte qui a 4 ans, avec qui Lo et Lu ont bien sûr copiné. Le père revient au camping et nous buvons quelques bières ensemble. La bière est une drogue douce... Nous sommes rejoint par l’Irlandais et un des Autrichiens, et l’après midi s’écoule paisiblement..
Nous nous rendons ensuite ensemble à la plage. Les vagues sont impressionnantes et tout le monde s’amuse, petits comme grands.
Nous avons commandé un repas au camping ce soir et nous mangeons ensemble, à coté des véhicules. Après le repas, Charlotte , Lo et Lu regardent Bambi, Jo dicute avec les grands et je me rends au cyber café situé à un km du camping. Notre ami allemand me propose de prendre sa moto, une KTM 990 Adventures (120ch, tout de même…) qu’il transporte derrière son camion. J’accepte volontiers, prends le casque, les baskets et en avant… En quelques secondes, j’arrive par la piste au cyber café. J’y passe une heure : envoi des mails préparés à l’avance, discussion sur skype avec Jicé, mes parents et Oli et Martine. Nous nous fixons rdv demain vers midi, pour les recontacter avec les filles.
Je remonte alors sur la moto que j’ai garée juste devant l’entrée du cyber, bien en vue pour ne pas qu’on y touche ! Démarreur ! Rien… Ou plutôt, si : un bruit horrible et une moto qui ne démarre pas du tout. Aïe… Je commence à transpirer… Une fois, deux fois, trois fois. Toujours rien. Evidemment, sur ces motos modernes, pas de kick… Bon, je vais pousser et remonter la légère côte qui permet d’accéder au goudron. Illusoire de vouloir démarrer sur une piste, il y a une compression pas possible sur cet engin. Arrivé sur la route, deux possibilités : soit je rentre au camping la queue entre les jambes parce que je ne sais pas faire démarrer une moto, soit je prends la route vers la droite, d’où nous sommes arrivé il y a deux jours, car je me souviens qu’il y a une grande descente. Comme on a sa fierté, je prends la deuxième solution. Bien mal m’en a pris…
Après quelques centaines de mètres, la descente. Je suis déjà bien fatigué d’avoir poussé. J’engage la troisième, je me lance, je saute sur la moto… Petit dérapage et pas l’ombre d’un vrombissement ! Nouvelle tentative : quatrième, descente, 30-40 km/h atteints, je saute sur la moto et… Ca bloque, sans plus ! Putain de compression. C’est pas possible, ça ! Ou bien il y a un truc qui m’échappe… Mais à force d’avoir des trucs qui m’échappent, les centaines de mètres s’enfilent et bientôt me voilà… en bas de la descente ! Maintenant, ça monte des 2 cotés et toujours pas de solution. Les phares fonctionnent bien et je me dis qu’il n’y a pas de problème de batterie. Ceci dit, on ne peut pas les couper, ce que j’aurais volontiers fait pour mette toute l’énergie disponible dans le démarreur. Mais pas moyen.
De la cuvette où je me trouve, impossible de faire demi tour ou de poursuivre. Je range la moto sur le bas côté de la route. Il fait nuit noire, je ne vois pas grand chose. Il n’y a personne à la ronde, pas une voiture en vue. J’ai l’ordinateur portable sur le dos, le casque dans une main et ma veste dans l’autre (la fraîcheur de la soirée que j’évoquais tout à l’heure ne m’empêche pas de transpirer de plus belle !). J’entame à pieds la remontée vers le village. Au sommet de la côte, je me retourne, attiré par un brouhaha provenant du fond de la cuvette. Je distingue, à la lumière de la lune, au fond de la cuvette, un attroupement à proximité de la moto : j’avais oublié qu’on n’est jamais seul dans ce pays, même s’il n’y a personne à la ronde ! Je pique un sprint vers la moto : il ne faudrait pas qu’on me la pique, tout de même ! J’arrive à proximité d’un groupe de marocains dont certains tiennent fermement en main de gros bâtons de bois. Mon cœur bat à 200, résultat du sprint et du stress qui m’envahit… J’ai toujours mon lap top, mon argent, mes papiers et une moto de 15000 euros avec moi. Evidement, pas de GSM, j’oublie de le dire (ça, ça ne m’arrivera plus !) Tout de suite j’interpelle l’assemblée et demande si un des compères à mobylette peut se rendre à la gendarmerie du village où on m’attend, pour prévenir que je suis en panne et demander qu’on vienne me chercher. Ils parlent entre eux et je ne comprends rien, si ce n’est que le mot gendarme revient régulièrement… Finalement, le « motard » et un de ces copains acceptent de me rendre ce service. Je n’ose évidemment pas l’accompagner et laisser ici la moto. Je n’ose pas non plus leur proposer une récompense financière s’ils me rendent ce service, ça sous entendrait que j’ai des tunes sur moi… Je demande alors au « motard » de se rendre jusqu’au camping proche de la gendarmerie pour prévenir Jo et nos amis allemands. Il accepte. J’attends avec les autres. Je m’éloigne un peu du groupe, je sers très fort mon petit couteau de poche dans la main droite et le casque dans la main gauche. Et je transpire… Je me remémore les dires des policiers il y deux jours, qui me racontaient l’histoire d’une agression récente de touristes français… On se sent très seul dans ses moments-là…
Finalement, je décide de discuter un peu avec le groupe. De toute façon, si il doit y avoir un problème, que je sois à 3 mètres d’eux ou juste à coté, ça ne changera rien. Et puis, il ne faut pas voir le mal partout (même si, pour eux, je suis le type même du lingot d’or européen…) Ils me racontent qu’ils attendent un mec, un voleur qui aurait agressé l’un d’eux à cet endroit perdu il y a quelques jours, pour le bastonner. Pas très rassurant tout ça… Mais bon, rien de mal ne se passe et finalement, notre ami allemand se pointe avec un véhicule. Je suis soulagé… et emmerdé pour sa moto !
Il essaye de la démarrer. Rien, bien sûr, ne se passe. Il propose de retourner chercher son camion et pour charger la moto. Il devra réveiller tous les gosses, ce que je ne souhaite pas. Alors je lui propose de prendre ma verste , mon fric, mon ordi pendant que moi, je remonte la moto à pieds. Je suis prêt à tout, à partir du moment où je me sent un peu plus libre et rassuré par sa présence…
C’est finalement sa compagne, qui dormait sur la banquette, qui reprend le véhicule alors que nous poussons tous les deux la moto. Je me demande comment j’aurais fait tout seul… Avant de les quitter, je remercie les locaux qui ont patienté avec moi. Je ne saurai jamais ce qu’ils voulaient au départ…
Quelques tentatives de démarrage, vaines. Une immense bière glacée made in Germany avec mon ami, une douche froide et un gros dodo. Jo et les filles dorment déjà. On verra demain pour la moto.
Lundi 29/10/07
24° jour au Maroc, 34 jours depuis le départ
Bivouac à Mirleft ( N29 34.815 W10 02.625 Alt. 46 m )
Km au compteur : 40907 (0 km effectués ce jour, 3802 km depuis le départ )
Les cours de Lola reprennent ce matin. Pas de congé de Toussaint pour elle. Tant que nous sommes dans le rythme, poursuivons. Je ne résiste pas à l’envie de retranscrire ce que j’ai entendu pendant sa leçon : elle récite ses conjugaisons avec l’expression « perdre sa clé ». « Je perds ma clé, tu perds MA clé, il perd MA clé, nous PERMACLONS ». Eclat de rire général !!!
Pendant ce temps, Stephan, notre ami allemand, jette un coup d’œil sur la moto. J’assiste à l’opération. Après quelques tentatives vaines de démarrage, il branche la batterie de la voiture. Et vroum… Démarrage sans problème. C’était donc un problème de batterie ! Et il y a tellement de compression que même à 30-40 km/h, on ne parvenait pas à la faire démarrer. Bizarre… Mais je suis soulagé !
En fin de matinée, nous nous rendons tous les quatre au cyber café pour contacter Papy et Mamy ainsi qu’Oli et Martine. Connexion skype avec web cam : pas mal… Nous prenons ensuite la direction de la plage où nous retrouvons nos amis allemands. Ils s’y trouvent depuis 2 heures et nous expliquent qu’un nageur à disparu. Ils ont assisté aux recherches, infructueuses, qui viennent de se terminer. L’océan est houleux et il convient d’être prudent. Les filles n’iront dans l’eau qu’avec moi. Nous retournons en fin d’après midi au camping où nous resterons encore une nuit.
Après le souper, les filles regardent un film avec Charlotte, pendant que nous buvons quelques bières allemandes (Stephan est parti avec un stock impressionnant de canettes : dans la douche de son camping car, pas moyens de se laver ; on y trouve 2 grands sacs en plastique (les gros bleus, type PMC) remplis de vidanges !!!) Vient ensuite l’heure des « au revoir » car ils quittent le camping demain matin, vers 6 heures, pour reconduire un des leurs à l’aéroport. Nous resterons en contact via le net. Merci beaucoup à vous tous, nous avons passé d’excellents moments ensemble.
Une fois les filles au lit, Jo et moi passons chez Chris et ses amis autrichiens : ambiance beaucoup plus pétaradante… Nous avions prévu d’aller boire un verre dans un bar proche du camping, mais la fatigue a eu raison de nous tous : nous sommes restés chez nos amis une heure ou deux, avant d’aller nous coucher. Et nous avons bien dormi…
Mardi 30/10/07
25° jour au Maroc, 35 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Guelmim (N29 07.381 W10 07.102 Alt : 417 m )
Km au compteur : 41046 (139 km effectués ce jour, 3941 km depuis le départ )
Notre petit camping paraît bien vide maintenant que Stephan et sa famille sont partis. Nous envisageons que le quitter en fin de matinée. Je découvre quelques SMS et mails (je suis allé envoyer quelques réponses à des mails précédents pendant les cours de filles) : amis et famille me souhaitent bon anniversaire. Merci à vous…
A mon retour du cyber, c’est au tour des filles et de Jo d’entonner leur « Happy Birthday ». Je reçois des fleurs des filles, cueillies aux abords du camping. Nous décidons de lever le camps pour rallier la «Plage Blanche » -plage très connue, immense (plusieurs dizaines de km) et apparemment très belle- située à 60 à 70 km au sud, où nous ferons, pour la circonstance, un barbecue de poissons et où nous dormirons.
Chris, notre ami irlandais, voyageur solitaire jusqu'à présent, vient d'adopter un jeune chien (en fait, je crois que c'est plutôt l'inverse... En tout cas, ils se sont trouvés!) Tous deux vont nous accompagner durant quelques jours , vraisemblablement jusqu'en Mauritanie: nous serons dorénavant 6 dans le camping cam!
Nous prenons donc la route, Jo et moi à l’avant, les filles, Chris et Waha à l’arrière. Après quelques dizaines de kilomètres, nous atteignons Sidi Ifri. Nous interrogeons un policier : quelle est la route à suivre pour rejoindre la Plage Blanche ? Nous empruntons, sur son conseil, le goudron neuf qui longe la mer : d’après ses dires, ce goudron ne nous quittera plus jusqu’à destination. Mensonge… 30 à 40 km plus loin, fin brutale de l’asphalte. La piste semble en mauvais état, mais on s’y risque. Après quelques centaines de mètres, impossible de progresser : la piste est trop étroite. Marche arrière, demi-tour, on revient sur ses pas jusqu’au goudron. Plus d’une heure pour faire quelques centaines de mètres ! Après quelques km, nous apprenons d’une patrouille de police qu’il existe une autre piste que celle que nous avions empruntée. La confiance que nous accordons à ces dires est très mitigée… Nous ne rebroussons pas chemin une nouvelle fois et nous redirigeons vers Sidi Ifri. Un peu plus loin, sur notre gauche, une large piste apparaît. Elle pourrait correspondre à celle qui est représentée sur notre GPS (dont la précision, on l’a déjà dit, est nulle au Maroc!) qui rallierait Guelmim, localité au sud de Sidi Ifri, située sur notre trajet. Hop, on y va.
Enfin, je comprends ce qu’est la « tôle ondulée ». La piste est large, sans obstacle, mais ça secoue assez fort et tout vibre. Je roule à 20-30 km/h. Peut-être serait-ce plus confortable un peu plus vite ? Effectivement, à 50-60 km/h, c’est beaucoup mieux,. On a l’impression de « voler » au dessus de la piste, nous dira Lola.
La nuit tombera assez rapidement et nous ferons halte dans un oued asséché, seul endroit plus ou moins plat que nous trouverons dans la montagne. Souper spaghettis et les filles sont mises au lit. Nous sortons alors admirer le ciel avec Chris. Nous boirons les quelques bières fraîches qu’il nous reste (mais je crois que Jo a encore quelques surprises dans une cachette secrète…) la tête dans les étoiles (dans tous les sens du terme!). Magnifique soirée d’anniversaire…
Mercredi 31/10/07
26° jour au Maroc, 36 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Sidi Sabi ( N28 47.501 W10 46.150 Alt 135 m )
Km au compteur : 41154 ( 108 km effectués ce jour, 4049 km depuis le départ )
Une brume épaisse a envahi la vallée dans laquelle je m’engage pour une promenade solitaire dès le réveil. Je ne distingue rien à 20 mètres. Je suis la piste que nous prendrons tout à l’heure avec le camping cam et après 10 minutes, j’aboutis sur le goudron qui mène à Guelmim. Nous avions fait halte à temps ! Le brouillard se lève, faisant place à un soleil radieux, comme chaque jour depuis notre entrée au Maroc.
Retour au camping cam. Tout le monde est réveillé. Chris a dormi à la belle étoile, à proximité du véhicule. A une dizaine de mètres de son couchage, nous découvrons un trou profond -un puit à sec- sans muret de protection. Dangereux… La profondeur avoisine les 5-6 mètres, pour un diamètre de 2 mètres. Au fond, nous apercevons un serpent « géant » : un cobra noir de 2 mètres !!! Nous n’avons jamais vu un tel serpent. Chris non plus. Il a froid dans le dos, imaginant l’animal se glisser pendant la nuit dans son couchage… Le temps de faire une photo et le reptile disparaît dans une galerie souterraine… Brrrr.
Nous reprenons la route vers midi et nous arrêtons à Guelmim pour faire les couses : fruits, légumes, patates, pain et steak de chameau (1 kg pour 100 dh = 9 € ) ! First camel experience pour tout le monde. Nous verrons ce soir. Pour le dîner, Jo nous prépare une de ses salade maison délicieuse…
Nous apercevons un panneau indicateur « Plage Blanche » et nous prenons cette direction. Goudron sur 50 km, puis, à nouveau une piste. Nous devons franchir un gué, le premier depuis le départ. Pas de soucis. Par contre, une fois de l’autre coté, par où aller ? Quelques enfants du coin nous orientent vers l’est, alors que l’océan est à l’ouest. Faut-il les croire ? Nous suivons leurs conseils et empruntons une piste escarpée à flanc de colline. La montée est très lente : nous suivons un dromadaire solitaire qui, malgré quelques trots gracieux, n’avance pas très vite. A notre droite, la paroi, à notre gauche, le ravin… Impossible de dépasser le vaisseau du désert !
Au sommet, nous découvrons un immense plateau désertique : pierres et sable à perte de vue…Très beau. Notre vitesse sur cette piste difficile est de 30 à 40 km/h. Le GPS nous confirme que nous nous éloignons de plus en plus de l’océan. Il est vraisemblable que nous ne mettrons jamais les pieds sur la Plage Blanche… Au beau milieu de cette étendue désertique, nous tombons sur un berbère à coté son vieux 4x4 : un pneu est sous gonflé et il nous demande si nous pouvons l’aider. On se demande depuis combien de temps il attend… Un coup de soufflette et le problème est résolu. Il nous fait également comprendre qu’il a mal aux dents. On peut le croire, au vu de ses chicots. L’hygiène dentaire dans ses contrées semble nulle. Nous avions déjà été frappé par la beauté des traits des visages des autochtones, contrastant avec leur état dentaire déplorable. Nous lui refilons 2 Dafalgan, à sa plus grande joie. Il nous quitte prestement et nous reprenons la piste la nuit tombée. Difficile. Rapidement nous faisons halte pour bivouaquer « à mille miles de tout terre habitée ». Peu après l’arrêt, alors que nous mangeons tous les six dans le véhicule, nous sommes attirés par de grands « slurrrp » à l’extérieur. Nous sortons, lampe à la main, et tombons sur un bébé dromadaire en train de téter sa mère. A 10 mètres de nous. Waouw.
Les filles vont au lit sans demander leur reste et, après un petit sitting à l’extérieur avec pull et bonnet, nous faisons de même. Chris a monté sa tente cette fois. Affraid by the snakes?
Jeudi 01/11/07
27° jour au Maroc, 37 jours depuis le départ
Bivouac à proximité du Cap Drâa ( N28 17.470 W11 32.206 Alt 10 m )
Km au compteur : 41301 ( 147 km effectués ce jour, 4196 km depuis le départ )
Nous sommes réveillés par un « toc toc toc » alors que le soleil est déjà levé. Jo me montre le hublot de toit : un oiseau brun au long bec picore la vitre sur laquelle il y a de nombreuses gouttes d’eau. Quel beau réveil matin…
Je me lève le premier, enfile un short, et quitte le camping cam. Au abords, deux enfants accompagnés d’un âne nous observent : même in the middle of nowhere (nous sommes en immersion anglo-saxone depuis 2 jours, mais pour ce qui est de l’orthographe…), il y a toujours quelqu’un ! Je reviens après une promenade dans les dunes de sable. Un gamin est parti, l’autre est toujours là, et ne nous quittera pas de la matinée. Je lui offre une pomme et à boire. Peu après, 2 femmes arrivent à pieds. Elles brandissent 2 boîtes de médicaments, vides : antibiotiques et antalgiques. Les nouvelles vont vite dans le désert !!! Elles ont mal à la tête. On se défait encore d’un ou deux Dafalgan. Elles demandent alors des vêtements, des chaussures et le gamin veut les bicyclettes ! Quand on commence, ça ne s’arrête pas ! Nous l’avions déjà expérimenté précédemment. Dans ce cas, il faut être gentil mais ferme : dire non avec le sourire n’est pas toujours facile. C’est aussi un apprentissage pour nous…
Après les cours, nous reprenons la piste et arrivons bientôt à un carrefour. Gauche ? droite ? Nous prenons vers la droite, direction l’océan. On ne s’est pas encore fait à l’idée qu’on ne verra pas la Plage Blanche. Plus nous nous rapprochons de l’océan, plus la piste devient sablonneuse. Tant et si bien que la piste disparaît totalement. Quelques dizaines de mètres avant d’atteindre cette étendue immaculée, je m’arrête : que fait-on ? Nous décidons de poursuivre. Jicé a répondu à notre interrogation quant à l’attitude à adopter avec le véhicule dans le sable. Nous suivons ses conseils : blocage de différentiel inter-ponts, troisième courte et … à fond la caisse ! (On ne dégonfle pas les pneus, car on se dit que plus loin, on va retrouver la caillasse.) Effectivement, à fond, on « surfe » sue le sable. On va même jusqu’à passer la quatrième, voire la cinquième. On réalise que si on s’arrête, on s’enfonce… Alors, on continue. Jo me dit « à gauche , à droite,… » Après 5 à 10 minutes, on retrouve finalement une piste (la même ?). Très amusant … Et très stressant !
Une nouvelle fois, gauche ou droite ? Le GPS n’est d’aucune utilité et la piste partant à droite peut obliquer à gauche après 20 mètres… Alors on y va au pif… Et on y passera toute la journée !
Après quelques temps, nous croisons un groupe de 4x4 français. Ils nous confirment que nous avons dépassé la Plage Blanche, par laquelle ils sont passé hier. Nous décidons alors d’abandonner définitivement l’idée d’une baignade aujourd’hui et rebroussons chemin. Nous contournons, sans trop le vouloir, l’étendue de sable que nous avions traversée tout à l’heure et après plusieurs heures de pistes très difficiles (on casse d’ailleurs le marche-pieds droit lors de la périlleuse traversée d’un petit oued) , nous atteignons enfin le goudron. Ces deux jours et demi d’errance dans le désert nous ont bien fatigué… Mais on s’est bien amusé !
Nous bivouaquerons un peu plus loin, après le coucher du soleil, à proximité du cap Drâa. Nous quittons la route et nous engageons sur une piste qui devrait nous mener à l’océan. Nous faisons halte un peu plus loin, alors que la piste semble s’interrompre brutalement. Nous n’y voyons rien et nous aurons le plaisir de découvrir l’environnement demain, au réveil.
Vendredi 02/11/07
28° jour au Maroc, 38 jours depuis le départ
Bivouac à Tah ( N27 40.253 W12 57.539 Alt 29 m)
Km au compteur : 41500 ( 199 km effectués ce jour, 4395 km depuis le départ )
Et quel plaisir…
Dès le réveil, nous pouvons admirer le paysage. Nous nous sommes arrêtés au bord d’une lagune encaissée entre la falaise à gauche et les dunes à droite. La lagune communique avec l’océan par un bras étroit du côté de la falaise. Des centaines d’oiseaux -pour la plupart des mouettes, mais on y voit aussi de très grands oiseaux-pêcheurs au long bec- sont posés sur le sable. La luminosité est, en tout début de matinée, exceptionnelle. Quel spectacle… Et pour couronner le tout, un source d’eau chaude jailli à proximité du camping cam, pour se déverser dans la lagune quelques dizaines de mètres plus loin.
Nous quittons ce coin de paradis avant de débuter les cours. Nous nous arrêterons en début d’après midi à Tarfaya pour l’enseignement et la mise à jour du site . Lola qui n’est pas en forme depuis hier soir éprouve beaucoup de difficultés à se concentrer. Pendant que Jo termine les cours avec Lo, Lu se promène avec Chris et je me rends dans un cyber. Contact via Skype avec Daddy et Paulette, Oli et Martine et mes parents. Internet, c’est tout de même magique… Je fixe RDV à tout ce petit monde un peu plus tard, pour que Jo puisse être présente. De retour au camping cam, je prends sa place pour surveiller les devoirs de Lola. Et notre pauvre Lola ne va pas très bien : fièvre et nausées… On termine les devoirs « à l’arraché ». Pas de baignade aujourd’hui…
Pendant que Lo va se reposer et que Jo nous prépare ses fameuses patates rissolées with many many garlic, Chris et moi nous dirigeons à pieds vers le port. Nous avons appris qu’un bateau de pêche vient de rentrer et nous partons en quête de poisson… Le kilomètre qui nous sépare du port est vite avalé et nous pouvons effectivement assister à la fin du débarquement. De la cale frigorifique de ce navire vétuste, on extrait une quantité impressionnante de caisses de poisson : des thons essentiellement. Ce petit bateau peu rassurant est parti en mer il y a 10 jours, avec 14 membres d’équipage qui dormiront 3-4 heures par nuit. Tout ça pour un salaire de misère dont ils ne profiteront même pas : ils reprennent la mer demain ! (Le reste de la famille se chargera certainement de dépenser les maigres rentrées…) Què mesti… Chapeau bas, messieurs…
Nous discutons avec l’acheteur de poissons, qui provient de Marrakech. Nous lui demandons s’il y a moyen de se procurer l’un ou l’autre poisson qui ne rentrerait pas dans ses critères de choix. Il nous demande de patienter. La vie s’arrête le temps d’une petite prière et notre homme revient après une demi heure, un énorme thon à la main (il doit peser 1.8 kgs). Il nous l’offre, nous souhaitant bon appétit. Quelle gentillesse ! Nous saluons tout le monde et retournons, notre trophée à la main, au camping cam. Et devinez qui a fait des bonds de joie ? La grosse bouffe de Lulu, évidemment… Nous « vidons » le poisson et le mettons au frais pour demain.
Après le « souper patates », Chris et moi partons à la recherche de bois pour le barbecue de demain. Pas facile dans ce pays, de trouver du bois. Impossible, même. Il fait nuit depuis longtemps et nous nous adressons à un gardien de terrain-vague ( !) qui nous procure une section de poteau télégraphique ! Et moi qui ai oublié la hache à Dolembreux… Le gardien nous offre également un (enfin, deux, trois…) verre d’eau de vie de dattes. Délicieux ! Nous avons été gâté aujourd’hui.
Nous retournons au camping cam et embarquons notre poteau tant bien que mal. Nous quittons la place après avoir mis les enfants au lit. Lo dormira avec moi cette nuit. Même si l’Aspégic fait son effet, elle n’est toujours pas en forme. Nous reprenons la route mais nous ne parcourrons qu’une vingtaine de kilomètres. Nous sommes fatigués et nous bivouaquerons à Tah. Durant la nuit, Lo me réveille : elle doit vomir et a beaucoup de fièvre. Je suis également nauséeux. 1° gastro… A partir de ce jour, on filtrera notre eau…
Après Tah débute le Sahara Occidental. Bien que la statut politique de cette région soit loin d’être défini -discuter avec les locaux ne nous permettra d’ailleurs pas d’y voir plus clair-, nous avons pris l’option de la scinder du Maroc. La suite de nos aventures figurera donc sur une nouvelle page spéciale. A bientôt…
La suite du récit figure sur la page consacrée au Sahara Occidental.
2. Séjour du 16/06/08 au 30/06/08
Lundi 16/06/08
1° jour au Maroc, 265 jours depuis le départ
Bivouac à Goulimime ( N29 00.636 W10 02.414 Alt. 337 m )
Km au compteur : 56505 ( 461 km effectué ce jour, 19275 km depuis le départ)
La nuit fut bonne. Nous prenons la route vers 8h après avoir acheté le pain réservé hier.
Depuis la veille, nous avons changé de fuseau horaire, ce que nous n'avions pas réalisé. Nous adaptons nos montres.
A Laâyoune, nous achetons fruits, légumes et aliments divers dans les commerces que nous avions déjà fréquentés au trajet aller. Nous rencontrons en ville un pompiste qui nous avait servis il y a quelques mois et qui nous reconnaît. Nous discutons quelques instants avec lui, et le chargeons à bord du camping cam pour le déposer un peu plus loin. Nous repartons pour la fin de la traversée du désert et Joëlle en profite pour reprendre l'enseignement.
Episode de la chèvre et de Maury.
Nous reprenons la route jusqu'à Goulimim, que nous atteignons en soirée.
Nous décidons de souper au restaurant, en ville. Rapidement, nous avons la sensation d'être arnaqués par un rabatteur qui nous a amenés dans le restaurant de son frère. Forts de nos quelques mois d'expérience africaine, nous décidons de ne plus « nous laisser faire » et changeons de restaurant.
Nous quittons ensuite la place et reprenons la route pour faire halte à proximité d'une station-service un peu en dehors de la ville.
Mardi 17/06/08
2° jour au Maroc, 266 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Tamri ( N30 42.588 W9 51.448 Alt. 0 m )
Km au compteur : 56762 ( 257 km effectué ce jour, 19532 km depuis le départ)
Nous nous réveillons vers 7h. La nuit fut bonne.
Après quelques dizaines de minutes de discussion avec le pompiste, nous prenons la route d'Agadir par la route côtière. La corniche est magnifique. Nous faisons halte vers midi, entre Agadir et Tamri, décidant une nouvelle fois de manger au restaurant.
Le cadre est nettement plus touristique. L'ambiance nous plaît moins mais nous n'avons guère le choix ici.
Juste avant de manger, nous nous rendons tous les 4 aux WC. Nous faisons face aux 4 lavabos. En même temps, nous ouvrons les robinets pour les refermer aussitôt avant de prendre le savon et de se rincer les mains. Nous avons appris à économiser l'eau, et au départ de ce geste "anodin", nous nous faisons la réflexion que si notre voyage nous a permis, tant qu'à présent, ce petit mais ô combien respect de la nature et de l'homme, nous pouvons être heureux.
Nous reprenons la route avant de nous arrêter au bord d'une falaise déserte, au pied de laquelle se trouve une petite plage. Nous y descendons. Les filles passent l'après-midi à jouer dans l'eau et dans les rochers. Nous récoltons de nombreux galets et Joëlle, ainsi que les filles, les disposent sur le sable, formant de jolis dessins qu'elles photographient à l'occasion de l'anniversaire de Gigi.
Nous reprenons la route en fin d'après-midi, cherchant un endroit pour bivouaquer. Nous repérons d'abord une plage isolée en bord de route, ce qui nous satisfait peu. Nous repartons la nuit tombante et atteignons une autre plage, publique, où nous sommes cependant seuls. Après quelques tentatives infructueuses d'avancer plus loin (la dune est infranchissable sans dégonfler), nous décidons d'y passer la nuit.
Mercredi 18/06/08
3° jour au Maroc, 267 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Essaouira ( N31 37.283 W9 39.565 Alt. 190 m )
Km au compteur : 56903 ( 141 km effectués ce jour, 19673 km depuis le départ
La nuit fut très bonne. Les chiens nous paraissent plus difficiles à gérer depuis un jour ou deux. Nous nous interrogeons quant aux possibilités de dressage à notre arrivée en Belgique.
Nous décidons de passer la matinée sur place et entamons rapidement le barbecue : nous avons en réserve dans notre congélateur quelques poissons achetés au Sénégal.
Nous mangeons vers midi un repas délicieux et reprenons la route en début d'après-midi. Nous longeons toujours la corniche et les paysages sont superbes. Nous dégotons un coin isolé en haut de la falaise et admirons un coucher de soleil magnifique. Les chiens jouent tant et plus et ont manifestement dégoté une charogne qu'ils emmènent avec eux. Ils se sont frottés à elle et ne sont plus approchables tellement ils puent. Ils passeront la nuit dehors.
Jeudi 19/06/08
4° jour au Maroc, 268 jours depuis le départ
Bivouac à Cap Bedouzza ( N32 32.753 W9 16.756 Alt. 11 m )
Km au compteur : 57054 ( 151 km effectués ce jour, 19824 km depuis le départ)
La nuit fut très bonne.
Nous reprenons la direction de Rabat par la route côtière, à la recherche d'une plage accessible en véhicule pour laver les chiens, qui puent toujours autant.
Nous nous arrêtons rapidement dans un minuscule village en bordure d'océan. Les chiens sont lavés à grande eau avant que nous ne mangions un sandwich dans un petit restaurant sur la plage tenu par un français passionné de surf.
Après une courte sieste, nous reprenons la route. Nous traversons de magnifiques paysages, longeant toujours l'océan, pour enfin arriver à Safi. Nous dégotons un Marjane et faisons "les grandes courses" à la nuit tombante.
Avant de reprendre la route, nous effectuons le plein d'eau. Nous en profitons pour sortir les chiens. Un quidam se dirige vers nous, l'air halluciné et nous agresse verbalement, voulant égorger les chiens. Ces derniers, que je tiens fermement en laissent, hurlent sur l'individu. Je retourne vers le véhicule avec les chiens et les pompistes interviennent pour calmer le personnage.
Les filles sont mises au lit alors que nous reprenons la route vers le nord.
Nous sommes arrêtés lors d'un contrôle de police. Les agents nous suggèrent de dormir à Safi. Nous décidons néanmoins de poursuivre notre chemin et faisons halte une quarantaine de km plus loin, au pied d'un phare, au bord de la mer.
Vendredi 20/06/08
5° jour au Maroc, 269 jours depuis le départ
Bivouac à Sidi Bou Beker ( N33 22.722 W8 14.447 Alt. 20 m )
Km au compteur : 57207 ( 153 km effectués ce jour, 19977 km depuis le départ)
Nous nous réveillons sur la digue, au pied d'un phare, dans une mini-localité peu animée. Nous découvrons un coin charmant.
Nous prenons le déjeuner au bord de l'océan et rencontrons rapidement deux petites filles qui se dirigent vers nous avec des seaux remplis de moules. Nous achetons les crustacés et prenons la route.
Nous roulons une nouvelle fois le long de la plage, dans des décors magnifiques. Nous décidons de nous arrêter en début d'après-midi, pour dîner, en bordure de mer, dans un endroit isolé. Dans un passage sablonneux, le véhicule bloque. Je ne souhaite pas dégonfler alors qu'il reste un mètre à parcourir dans le sable avant de retrouver de la caillasse. Obstiné, j'aggrave l'ensablement.
Nous sommes cette fois tout à fait immobilisés. Rapidement, nous sommes rejoints par une ribambelle de gamins curieux. L'un d'eux nous aide activement et après 2 heures de travail, le véhicule est enfin sorti de son trou.
Nous sympathisons avec ce jeune homme du nom de Khalid. Nous allons ensemble à la plage et papotons avec lui. A l'âge de 16 ans, il vit seul sur la plage, orphelin, ayant perdu ses parents il y a quelques années d'un naufrage en mer à l'occasion de la pèche. Khalid paraît enchanté de notre décision de passer la nuit ici…
Lola décide de faire un feu. Nous allons cuire les moules sur une petite gazinière que Khalid met à notre disposition mais la quantité à cuire étant trop importante, la casserole finit sur le feu de Lola.
Nous passons un très agréable moment, soupant sous une voûte étoilée, avant de nous mettre au lit vers 23h.
Samedi 21/06/08
6° jour au Maroc, 270 jours depuis le départ
Bivouac à Sidi Bou Beker ( N33 22.722 W8 14.447 Alt. 20 m )
Km au compteur : 57207 ( 0 km effectué ce jour, 19977 km depuis le départ)
Nous nous réveillons sur la plage après une excellente nuit. Dès le réveil, nous constatons que Khalid nous a apporté du pain. Nous rencontrons à cette occasion sa petite cousine et son frère. Nous déjeunons tous ensemble à côté du feu que l'on rallume. Les filles et Jo partent sur la plage pour une demi-heure. Finalement, après 3 heures, elles reviennent et nous décidons de rester jusqu'à demain, pour la plus grande joie des filles et de Khalid.
Nous relançons un feu pour cuire des poissons que nous achetons sur la plage à un ami de Khalid. Nous dînons vers 16h : les poissons sont délicieux malgré une cuisson ratée.
La fin d'après-midi se passe sur la plage alors que Harry Potter, 5e épisode, agrémentera la soirée.
Dimanche 22/06/08
7° jour au Maroc, 271 jours depuis le départ
Bivouac à Casablanca ( N33 34.128 W7 39.288 Alt. 77 m )
Km au compteur : 57280 ( 73 km effectués ce jour, 20050 km depuis le départ)
Nouveau déjeuner avec Khalid, Souméa et Hammout. Ils ont apporté le pain, délicieux.
Jo et les filles récoltent des coquillages sur la plage et finalement, nous prenons la route vers 11h.
Quelques centaines de mètres après avoir quitté le lieu de notre bivouac, nous tombons sur un véhicule ensablé : des français expatriés sont en bien mauvaise posture avec leur Peugeot 407. Nous décidons à notre tour de les aider à sortir de ce mauvais pas. Au terme de la manœuvre, ils nous proposent de prendre une bière sur la plage. Nous lions connaissance. Les gens que nous venons de rencontrer sont en fait le président directeur général de Bayer Maghreb et le directeur marketing de Pfizer Maroc. Nous évoquons les possibilités de travail au Maroc. L'un d'eux contacte une de ses connaissances à Casablanca qui me fixe un rendez-vous dès le lendemain pour exposer notre histoire.
Nous quittons tout ce petit monde vers 15h30. Nous éprouvons quelques difficultés à relancer le moteur du camion. Depuis quelques jours, effectivement, on dirait que le démarreur a quelques faiblesses. Nous essayerons de voir cela à Casablanca.
Nous atteignons la grande ville en fin d'après-midi, recherchant rapidement le bâtiment de Pfizer. Nous décidons de bivouaquer dans une rue calme, dans un quartier assez chic, à proximité du laboratoire.
Nous sommes accueillis par le propriétaire de la demeure face à laquelle nous nous sommes arrêtés. Très sympathiquement, il nous offre le thé et du gâteau. Nous discutons longuement avec lui avant de visionner la fin de Harry Potter, 5e épisode.
Lundi 23/06/08
8° jour au Maroc, 272 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Bouznika ( N33 47.371 W7 14.553 Alt. 9 m )
Km au compteur : 57356 ( 76 km effectués ce jour, 20126 km depuis le départ)
La nuit fut moyenne, le réveil étant bruyant, nous étant garés juste à côté d'un chantier.
Nous déjeunons et, pendant que je me rends au rendez-vous chez Pfizer, Joëlle assure l'enseignement, comme à son habitude.
Le responsable que je rencontre me remet quelques contacts professionnels et je prends congé de lui après une heure.
Nous nous rendons chez Mercédès vers 11h. Je fais la connaissance du sympathique chef d'atelier qui me fixe un rendez-vous à 13h30.
Joëlle poursuit l'enseignement alors que je répare les phares longue portée qui ne fonctionnent plus correctement depuis quelques semaines (problème de contact).
Omelette pour dîner et rendez-vous à 13h30, comme convenu. La cabine est basculée. Une inspection est faite par le mécanicien. Il semble qu'une des deux batteries pose un problème. On me suggère d'en changer, mais le coût d'une batterie est prohibitif. Par ailleurs, un problème de démarreur n'a pu être exclu. J'ai contacté JC par téléphone qui me suggère de tenter de revenir. Nous jetterons un coup d'œil sur le véhicule une fois en Europe.
Le chef d'atelier rencontré le matin me propose spontanément d'adapter la facture, expliquant qu'il a fait ses études à Tournai, qu'il connaît bien la Belgique et qu'il apprécie particulièrement ses habitants. Nous nous en tirerons pour quelques euros à peine pour un travail de plusieurs heures ! Merci Mohamed.
Nous quittons la concession, nous arrêtons à une station-service un peu plus loin pour effectuer le plein d'eau. Nous en profitons pour prendre une grande douche.
Nous prenons la route vers Mohammedia, où nous faisons halte pour souper, dans un restaurant de poissons. Nous reprenons la nuit tombée la route en direction du nord, que nous quittons un peu plus loin pour nous diriger vers la mer. Les filles dorment et Joëlle et moi en profitons pour nous disputer : une bonne engueulade de temps en temps nous fait du bien ! Nous nous arrêtons à proximité de la plage, au bout d'un cul-de-sac, où nous sommes accueillis par des chiens hurlants et de nombreux moustiques. Nous décidons toutefois de dormir sur place.
Mardi 24/06/08
9° jour au Maroc, 273 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Kénitra ( N34 12.966 W6 34.735 Alt. 76 m )
Km au compteur : 57459 ( 103 km effectués ce jour, 20229 km depuis le départ)
La nuit fut mauvaise, bruyante et moustiqueuse. Peut-être ne s’est-on pas assez disputé ? On recommencera un peu tout à l’heure…
Dès le réveil, nous prenons la route, sans descendre du véhicule. Après 3 km, nous faisons halte. Les chiens sont lâchés et nous déjeunons. Joëlle et moi nous consacrons à la rédaction de nos carnets de route pendant que Lola dessine et Lucile joue. Nous prenons finalement la route vers 11h30.
Nous faisons halte au niveau de l'hôtel Rose vers Temara, que nous avions déjà fréquenté il y a quelques mois. Il y a une grande piscine au milieu de la cour, qui n'est cependant pas accessible, même si l'on mange.
Nous quittons la place sans nous baigner.
Nous nous arrêtons vers 13h30 au bord de la route après Sale. Nous achetons quelques morceaux de viande dans une boucherie locale et faisons cuire sur un "barbecue public" du kefta et de la saucisse. Nous gardons les côtes de bœuf au frigo pour plus tard. Nous reprenons ensuite la route durant une heure avant d'arriver à Kenitra.
Nouvel arrêt au Marjane et plaine de jeux pour les filles.
Avant de prendre la route vers Tetouan, nous faisons halte dans une forêt de chênes-lièges magnifiques, où nous décidons de bivouaquer.
Quel plaisir de retrouver un endroit calme et paisible après l'agitation de la ville et les sollicitations touristiques. Quelques minutes d'Harry Potter nous aideront à nous endormir.
Mercredi 25/06/08
10° jour au Maroc, 274 jours depuis le départ
Bivouac à Regaïa ( N35 31.487 W5 50.112 Alt. 90 m)
Km au compteur : 57648 ( 189 km effectués ce jour, 20418 km depuis le départ)
Réveil vers 7h du matin et grande balade dans la forêt avec les chiens. Nous déjeunons ensuite et observons durant la matinée le travail titanesque des bousiers présents en très grande quantité au pied des chênes-lièges. Nous quittons la forêt vers 12h. Nous avons décidé de ne pas poursuivre la route côtière vers Larache mais bifurquons plutôt vers l'est en direction de Tetouan pour fréquenter les plages de la Méditerranée avant de reprendre le bateau à Tanger.
Nous prenons l'autoroute pendant quelques km. Nous faisons halte sur un parking de station-service, comme en Europe. Quelques pâtes au lard pour dîner, alors que les filles jouent sur l'aire de jeux.
Nous quittons la place assez rapidement et reprenons l'autoroute pour quelques km de plus. Rapidement cependant, nous la quittons et prenons les petites routes en direction de Tetouan. Sur une de celles-ci, nous tombons sur un panneau indicateur : "barrage du 9 avril". Nous prenons cette direction, espérant bivouaquer au bord de l'eau.
Nous arrivons rapidement à proximité de cet immense plan d'eau. Aucun accès ne paraît cependant aisé. Nous nous dirigeons jusqu'au niveau du barrage où nous rencontrons les responsables. Ceux-ci nous proposent de bivouaquer derrière la mosquée, un peu en hauteur. Le point de vue est magnifique, la vue est superbe, tant vers les vallées et la mer au loin que vers le barrage. Nous soupons dans le camion et visionnons la fin de Harry Potter 4 avant de nous endormir.
Jeudi 26/06/08
11° jour au Maroc, 275 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Cap Mazari ( N35 30.778 W5 09.816 Alt. 160 m)
Km au compteur : 57740 ( 92 km effectués ce jour, 20510 km depuis le départ)
Je me réveille assez tôt après une excellente nuit. Je quitte le véhicule avec Maury pour une grande balade dans la montagne. Lorsque nous revenons, tout le monde est réveillé. Rapidement, nous démarrons le feu et cuisons ce qui nous reste de viande ainsi que les patates. Nous dînons vers 11h30 : un véritable régal !!!
Lola vient de terminer définitivement ses cours : on fera la fête ce soir.
Nous quittons la place vers 13h30 et roulons en direction de Tetouan que l'on dépasse. Nous faisons halte au bord d'une plage assez fréquentée sur la mer Méditerranée. Nous buvons un thé pendant que les filles jouent. Nous reprenons la route côtière et faisons halte sur une nouvelle plage de galets où nous restons 2 heures. Il y a malheureusement beaucoup de chiens et Maury et Tany doivent rester dans le camping-cam.
Nous donnons un petit coup de fil à papy et mamy pour les encourager pour le déménagement.
Nous reprenons la route le soir et faisons halte dans la montagne qui surplombe la mer.
Aujourd'hui, c'est la fête. Pour débuter, apéro avec chips, olives, noix de cajou, arachides et boissons sucrées. Toujours pas de bière…
Nous soupons et visionnons deux films ce soir : le Seigneur des Anneaux, que nous arrêtons au beau milieu parce que tout le monde a peur, et un dessin animé : Joseph. Pour l'occasion, nous avons acheté des chiques au Marjane, les premières depuis bien longtemps. C'est la fête!
Vers minuit, tout le monde va dormir.
Vendredi 27/06/08
12° jour au Maroc, 276 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Souk Tleta Taghramet ( N35 48.467 W5 29.436 Alt. 320 m)
Km au compteur : 57831 ( 91 km effectués ce jour, 20601 km depuis le départ)
Une nouvelle fois, nous nous réveillons dans un cadre magnifique. Grande balade dans la montagne avant de prendre la route vers une plage située en contrebas.
Nous dînons dans une pizzéria, l'endroit est moyennement touristique. Nous passons une heure ou deux à la plage avant de reprendre la route. Nous effectuons quelques courses de fruits et de légumes. Nous empruntons une route montagneuse et arrivons dans un endroit particulièrement venteux, sur une crête parsemée d'éoliennes. De nombreuses carrières sont ici en fonction et il y a un trafic important de poids lourds. Nous quittons la petite route de montagne et empruntons une piste qui nous permet de découvrir, une fois de plus, un endroit magnifique où nous bivouaquerons.
Nous nous endormirons après avoir regardé la fin du Seigneur des Anneaux.
Samedi 28/06/08
13° jour au Maroc, 277 jours depuis le départ
Bivouac à proximité de Ksar es Seghir ( N35 49.504 W5 39.183 Alt. 6 m )
Km au compteur : 57890 ( 59 km effectués ce jour, 20660 km depuis le départ
Joëlle se réveille tôt et quitte le véhicule pour une balade avec Maury. A son retour, les filles dorment toujours et je quitte à mon tour le véhicule avec le chien. Pendant mon absence, Lola s'est réveillée alors que Lucile se réveille un peu plus tard.
Nous déjeunons tous ensemble et quittons l'endroit vers 11h30. La route est en très mauvais état. Elle serpente en descendant avant d'atteindre une entrée d'autoroute. Nous hésitons à monter sur l'autoroute, effectuant une petite marche arrière. Nous nous arrêtons pour voir où nous allons nous rendre. Nous empruntons le rond-point situé juste avant l'entrée d'autoroute. Quelques secondes après avoir quitté notre emplacement, alors que nous effectuons un demi-tour un peu plus loin, nous constatons que juste à l'endroit où nous avions fait halte, un camion de 40 tonnes rempli de rochers est allé s'effondrer. Il est couché sur le flanc, sur le bas-côté. Rétrospectivement, nous sommes envahis d'une peur intense. Nous allons rapidement voir le chauffeur qui, fort heureusement, n'est pas blessé. Un miracle ! Les badauds rapidement présents confirment qu' « Allah nous a donné une deuxième chance ».
Peu de temps après, nous dînons dans un petit resto local avant de rejoindre la mer.
Nous dégotons un petit parking (payant ! L'Europe n'est vraiment pas loin !) en bordure de mer. Les filles vont au lit alors que Joëlle et moi nous rendons à la mini-guinguette locale. Nous allons faire dodo vers 23h.
Dimanche 29/06/08
14° jour au Maroc, 278 jours depuis le départ
Bivouac à Tanger ( )
Km au compteur : ( km effectué ce jour, km depuis le départ)
La musique a résonné jusqu'à 5h30 du matin ! Ce ne fut pas la meilleure des nuits que nous avons passées au Maroc. En plus, elle fut payante.
Nous passons la matinée sur place.
Je me rends jusqu'à la mer avec les filles pendant que Jo effectue une grande promenade. Nous quittons la place vers midi.
Nous dînons à Tanger, nous effectuons le plein d'eau au restaurant.
Nous nous offrons le luxe d'une bonne glace : il fait à nouveau chaud, le thermomètre atteint 36° alors que la traversée du Sahara occidental et du sud du Maroc nous a paru fraîche, la température avoisinant par moments 20°.
Nous effectuons le dernier plein de carburant, le mazout étant à 7.30 dirhams du litre.
Nous quittons Tanger en direction de Tetouan pour nous reposer dans la montagne, en dehors de l'agitation de la grande ville. Quelques travaux sur l'ordinateur, une petite sieste et un retour à Tanger après le souper, alors que les filles sont mises au lit, pour nous rendre au cybercafé.
Nous dormons dans le grand parking à côté du port, où demain soir nous prendrons le bateau à destination de Barcelone.
Lundi 30/06/08
15° jour au Maroc, 279 jours depuis le départ
Bivouac en mer Méditerranée ( )
Km au compteur : ( km effectué ce jour, km depuis le départ)
La nuit fut moyennement bruyante sur le grand parking au cœur de Tanger. Je me rends le matin avec Lucile à la boulangerie.
De retour au camion, nous décidons de sortir de la ville pour la journée. Nous rejoignons la place que nous avions découverte la veille, dans la montagne. Les filles sont aux anges, reprenant le jeu qu'elles avaient débuté hier : « construction » d'un "club" avec cabane où il est possible de se restaurer, de s'abreuver et de se reposer !
En fin d'après-midi, nous retournons à Tanger et allons souper sur le port.
Le départ du navire est prévu à minuit. Nous rentrons dans le port vers 21h. Les formalités sont longues et nous observons dans la file d'attente le désossage d'un véhicule devant nous : belle prise pour les douaniers qui dénichent plusieurs dizaines de kg de haschisch dans un faux réservoir de carburant.
Finalement, nous pouvons passer. Nous sommes dans la file d'attente et monterons les derniers sur le bateau, à minuit. Le navire partira immédiatement...